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pés, ces ombres vives, nettes, noir-brillant sur le champ tout blanc.

Aucune épaisseur, aucun reflet, nulle souplesse, mais un entrain, — dans cette apparente dispersion, — unique à se mouvoir, à s’agiter, à s’en aller dans tous les sens : aucun de ces êtres que l’on pourrait croire depuis dix-huit cents ans pétrifiés, ne tient en place ni ne donne image de sa mort… Ces fantassins, voyez les, de gauche à droite, partant à grands pas diagonaux. Ils escortent, et même on dirait à leur élan qu’ils poussent les chars à deux roues et parasol que tirent en piaffant et cabrant les gros chevaux ronds crevant de muscles ! Auprès d’eux, des cavaliers imbriqués pétaradent de leurs soixante-quatre sabots. Une chasse est lancée à plein équipage, de gauche à droite, avec ses courants, ses faucons, ses veneurs et ses palombiers, et poil et plume qu’on va saisir au filet, au bec et aux mâchoires… On part en guerre : des archers, à pied ou montés, décochent face arrière et face avant. Les animaux eux-mêmes se pour-