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sombre traversée de feux courants. Si nombreux qu’on dirait une cavalerie d’étoiles, les rabatteurs, torches aux poings, mènent le gibier blême. Ce n’est plus sangliers et laies, ni ourses et ours, ni quadrupèdes encornés, mais femelles humaines et hommes nus, cheveux au vent, les jambes longues cisaillant la nuit dans une course haletante. Tous et toutes ils s’en viennent passer ici devant cette hutte d’affût ; et tous et toutes, du jet d’un arc invisible, sont fixés au sol.

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Cependant, ce couple bien avisé s’arrête de lui-même à toucher la flèche encochée, et s’étreint sous la mort tendue. C’est qu’ils savent qu’ils seront épargnés s’ils s’unissent librement là, sous l’affût, devant Lui. — Mais, mieux que d’une flèche, on les sent percés du trait des yeux impitoyables…

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