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Son œuvre toute est bien la Fanfare des couleurs. La prime aurore est déjà, pour lui, stridente, personnifiée par des anges « vidant leurs joues, de neiges en des trompettes de soleil[1] » et la nuit noire, c’est

…La Lune, ayant soudain bouché
D’une nuée opaque et couleur de péché
Le hautain pavillon de son cor lucifère…

Mais deux années d’horizons bretons ont nuancé de demi-teintes son orchestration primitive, et enrichi sa composition de timbres plus doux : « Image d’un sou, Couleur de biniou, village, minime village où les cloches ont l’air de dodiner au cou d’une immense chèvre de pierre…[2]. »

Et c’est encore des cuivres qui sonnent aux Gammes de Stuart Merrill :

Que les Espérances écloses
Clament au cœur des clairons roux
Dans l’Azur des apothéoses :
Gloire aux amants fervents et doux !

…Et des Cuivres, enfin, qu’évoquent les strophes suivantes — métalliques — de notre ami Pierre Richard : l’épigraphe, d’abord,

Tuba mirum spargens sonum,


précédant une description d’Occident embrasé, est déjà une synesthésie. Le premier quatrain précise la corrélation :

Les Cuivres du couchant sonnent un long appel.
Et le métal en feu ruisselant sur le ciel
Couvre de ses clameurs les chansons éphémères
Du Rêve…

Puis l’Image se transforme et devient Apocalyptique :

  1. La Dame à la Faulx.
  2. Les Reposoirs de la Procession : Roscanvel