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Le tremblement spécifique apparaît. « Il tendait furieusement ses muscles, il empoignait son verre, pariait de le tenir immobile, comme au bout d’une main de marbre ; mais le verre, malgré son effort, dansait le chahut, sautait à droite, sautait à gauche, avec un petit tremblement pressé et régulier » (p. 431).

À 46 ans, une première attaque de delirium, compliquant une « fluxion de poitrine » (p. 432). « Oh ! un déménagement complet, des idées de se casser la tête contre le mur, des hurlements qui empêchaient les autres malades de dormir » (p. 433).

Série de rechutes. « En trois ans, il entra… sept fois à Sainte-Anne ». Il maigrit, se voûte, la pituite augmente (p. 498). Les douleurs et paralysies alcooliques apparaissent. « Tout d’un coup, des douleurs aiguës le prenaient dans les bras et dans les jambes ; il pâlissait, il était obligé de s’asseoir, et restait sur une chaise hébété pendant des heures entières ; même, après une de ses crises, il avait gardé son bras paralysé tout un jour » (p. 500).

Un beau jour, tentative de suicide à la suite d’hallucinations. « Il paraît qu’on avait repêché Coupeau au Pont-Neuf ; il s’était élancé par dessus le parapet, en croyant voir un homme barbu qui lui barrait le chemin » (p. 548).

On le porte une dernière fois à Sainte-Anne.

État actuel.Attaque de delirium : « Il buttait contre la fenêtre, s’en retournait à reculons, les bras marquant la mesure, secouant les mains, comme s’il avait voulu se les casser et les envoyer à la figure du monde » (p. 549).

Tremblement alcoolique partant des membres et envahissant le tronc : « Ce jour-là, les jambes sautaient à leur tour, le tremblement était descendu des mains dans les pieds ; un vrai polichinelle dont on aurait tiré les fils, rigolant des membres, le tronc raide comme du bois. Le mal gagnait petit à petit. On aurait dit une musique sous la peau. Ça partait toutes les trois ou quatre secondes, roulait un instant ; puis ça s’arrêtait et ça reprenait, juste le petit frisson qui secoue les chiens perdus, quand ils ont froid l’hiver, sous une porte » (p. 555).

Zoopsies : « Tout d’un coup il cria : Oh ! les rats, v’là les rats, à cette heure ». « Ces sales animaux grossissaient, sautaient sur le