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docteur Magnan. M. Zola, à cette époque, fréquentait assidument sa clinique[1].

Observation γ[2]
D’après Zola.
Alcoolisme chronique.

Coupeau (Louis), 52 ans, ouvrier zingueur.

Antécédents héréditaires : Père alcoolique, mort d’une chute « un jour de ribote » (p. 554).

Mère alcoolique, morte à 74 ans d’un accès d’asthme.

Un frère mort très jeune « dans des convulsions » (p. 555).

Deux sœurs vivantes : l’une continuellement obsédée d’idées obscènes, l’autre simplement égoïste et revêche.

Antécédents personnels : Jusqu’à 32 ans, reste sobre et d’excellente santé. Tombe un jour d’une toiture, se fracture la jambe droite. Se lève au bout de deux mois. Convalescence assez longue à la suite de laquelle il prend des habitudes flâneuses, et, peu à peu, s’alcoolise. Se remet au travail, mais irrégulièrement (p. 174), se « cuite » décidément (p. 178). C’est une première période d’éthylisme aigu permanent (p. 191). Ses ivresses deviennent mauvaises et brutales, durent jusqu’à trois jours de rang (p. 330).

Histoire de la maladie : Néanmoins, à 44 ans, il paraît encore vigoureux (p. 364). Les troubles digestifs commencent à peine (p. 378), mais augmentent rapidement… « L’appétit, lui aussi, était rasé. Peu à peu, il n’avait plus eu de goût pour le pain, il en était arrivé à cracher sur le fricot. On aurait pu lui servir la ratatouille la mieux accommodée, son estomac se barrait, ses dents molles refusaient de mâcher. Pour se soutenir, il lui fallait sa chopine d’eau-de-vie par jour ; c’était sa ration, son manger et son boire, la seule nourriture qu’il digérât » (p. 430).

  1. Chronique médicale, 15 nov. 1897, p. 679.
  2. É. Zola, l’Assommoir. Fasquelle, édit., 1898.