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s sont desséchées par la soif ; mais ne t’arrête pas auprès de la source. Héraut des combats et de la mort, achève ton message ! Ce ne sont point les traces d’un cerf blessé que tu suis ; ce n’est point la jeune fille que tu veux atteindre dans le bocage ; tu ne disputes point à tes rivaux le prix de la course : mais le danger, la mort et la gloire t’ont choisi pour leur messager. Vole, Malise, vole !

XIV.

A la vue du symbole fatal, les habitans des chaumières et des hameaux courent aux armes ; les ravins sinueux, les coteaux boisés, envoient leurs valeureux guerriers. Le messager passait sans s’arrêter ; il montrait le signal, nom-

(1) Voyez la note 7.

CHANT TROISIÈME. 377

mait le lieu du rendez-vous, et, s’éloignant avec la vitesse du vent, laissait derrière lui la surprise et les clameurs. Le pêcheur quittait le sable du rivage ; le noir forgeron s’armait de l’épée ; l’heureux moissonneur abandonnait sa faucille ; dans les guérets le soc de la charrue restait oisif au milieu du sillon ; les troupeaux erraient sans gardien ; le chasseur cessait de poursuivre le cerf aux abois, et le fauconnier rendait la liberté à son faucon. Docile au signal d’alarme, chaque vassal du fils d’Alpine se préparait aux. combats ; le tumulte et l’épouvante parcouraient le rivage d’Achray.

Lac délicieux ! hélas ! l’écho de tes rives n’était pas fait pour répéter des sons de terreur ! L’image des rochers et des bois se réfléchit avec un calme si pur dans ton paisible cristal ! ... Les gracieux accords de l’alouette elle-même du haut de son nuage ont quelque chose de trop bruyant, peut-être, pour la douce mélancolie de tes sites.

XV.

Vole, Malise, vole ! — Le lac est déjà derrière lui : les cabanes de Duncraggan se montrent enfin, et semblent des rochers tapissés de mousse, à demi aperçus et à demi cachés dans la verdure des taillis ! c’est là que tu vas pouvoir goûter le repos et laisser au Chef de ces domaines le soin de faire circuler le signal des dangers. Tel qu’un épervier qui fond sur sa proie, l’écuyer de Roderic s’élance dans le vallon ; il approche quels lamentables accens frappent son oreille ! Ce sont les chants plaintifs des funérailles, les gémissemens des femmes ! Un brave chasseur ne sera plus la terreur des forêts ! un guerrier valeureux ne cueillera plus les palmes de la gloire ! Qui pourra le remplacer auprès de Roderic dans le noble exercice de la chasse et dans la mêlée des batailles ? Le château est tendu de noir, les rayons du jour en sont bannis