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C’est Douglas qui parle, et Malcolm qui écoute. Pour cacher son émotion et sa joie timide, elle s’occupe tour à tour des chiens et du faucon. Sa main caressante appelle les limiers, qui s’approchent d’elle en rampant et d’un air soumis : sa voix connue fait voler à elle le faucon, qui se pose sur la main qu’il chérit, replie ses noires ailes, baisse ses yeux brillans, et ne songe point à fuir, quoique sans chaperon.

On eût cru voir dans la fille de Douglas la déesse qui présidait jadis aux forêts. Si la tendre partialité d’un père vantait trop les vertus et la beauté d’Hélène, l’œil d’un amant les exagérait encore davantage ; car chacun de ses furtifs regards exprimait l’enthousiasme de son ame.

XXV.

Malcolm Grœme était d’une taille élancée, mais bien prise et robuste. Jamais le plaid et le tartan ne couvrirent des membres plus gracieux. Ses cheveux dorés se bouclaient élégamment autour de sa toque bleue ; son œil d’aigle distinguait le ptarmigan sur la neige ; chasseur habile, il connaissait tous les défilés qui conduisent aux montagnes et aux lacs de Menteith et de Lennox. Vainement le chevreuil bondit et s’élance quand Malcolm a tendu son arc retentissant ; il l’atteindrait presque à la course, même quand la peur lui donnerait des ailes. Malcolm gravit hardiment le pic escarpé de Ben-Lomond sans perdre haleine. Tous les traits de son visage sont en harmonie avec son ame ardente, franche et généreuse. Trop heureux avant de voir Hélène, son cœur ignorait les soucis de l’amour, et battait en liberté dans son sein.

Mais les amis du jeune homme, qui connaissaient sa haine pour l’oppression, et son zèle pour la vérité, les bardes qui voyaient ses nobles regards s’enflammer au récit des anciens faits d’armes, disaient tous que, lorsque

CHANT SECOND. 361

Malcolm serait parvenu à l’âge viril, la gloire de Roderic n’occuperait plus seule la renommée dans les montagnes, et pâlirait devant celle de l’héritier des Grœme.

XXVI.

Cependant la nacelle retourne vers l’île, et Hélène dit à Douglas : — Pourquoi allez-vous, ô mon père ! chasser si loin ? Pourquoi vous absenter si long-temps ? et pourquoi ?... Ses yeux, tournés du côté de Malcolm, dirent le reste.

— Ma fille, répondit Douglas, la chasse, pour laquelle j’ai tant d’ardeur, est pour moi l’image de l’art plus noble de la guerr