CHANT SECOND.
L’ÎLE.
Au point du jour, le coq de bruyère polit le noir plumage de ses ailes ; c’est le retour du matin qui fait répéter à la linote ses chants les plus doux ; tous les enfans de la nature sentent, avec le jour nouveau, les sources de la vie se ranimer en eux ; et, pendant que l’esquif qui porte l’étranger glisse en s’éloignant de l’île, l’influence propice de l’aurore inspire un vieux ménestrel[1]. Allan-Bane, aux cheveux blancs, on entendit sur le lac tes vers harmonieux, mariés aux accords de ta harpe :
L’écume jaillit, étincelle,
Et disparaît sous l’aviron ;
En vain l’œil cherche le sillon
Que creusait l’agile nacelle :
Tel est, dans le cœur des heureux,
D’un bienfait la trace éphémère.
Adieu donc, étranger ; tu vas, loin de ces lieux,
Perdre le souvenir de l’île solitaire.
Que les honneurs et les richesses
Te cherchent à la cour des rois ;
Que chacun vante les prouesses
À la guerre et dans les tournois ;
Qu’un ami digne de ton cœur,
Qu’une belle tendre et sincère
Aux dons de la fortune ajoutent le bonheur,
Loin des bords oubliés de l’île solitaire.
- ↑ Les Chefs des montagnes avaient à leur service un barde, qui était au nombre des officiers de la maison (Voyez Waverley.)