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CHAPITRE X

Je quittai le réduit de celle qui m’est chère…
C’était hier, la neige étalait sa blancheur :
Je reviens quand l’été fait briller sa lumière,
Je retrouve la rose exhalant son odeur

Ancienne ballade.

Piqué de ce qu’il appelait l’indifférence de ses amis, Hobbie poursuivait solitairement son chemin.

Ce fut dans cette disposition au désespoir qu’il arriva devant la chaumière, asile de sa famille. En approchant de la porte, il entendit ses sœurs parler avec vivacité et d’un ton de gaieté. — Le diable soit des femmes ! dit-il. — Après tout, c’est sur moi et non sur elles que le plus fort du coup est tombé.

Tout en parlant ainsi, il attachait son cheval sous un hangar. La plus jeune de ses sœurs vint l’interrompre. — Eh bien ! Hobbie, lui dit-elle, à quoi vous amusez-vous là, tandis qu’il y a quelqu’un arrivé du Cumberland, qui vous attend depuis plus d’une heure ?

— Quelqu’un du Cumberland ? s’écria Hobbie ; il se précipita vers la chaumière.

— Où est-il ? où est-il ? m’apporte-t-il des nouvelles de Grâce ? s’écria-t-il en regardant autour de lui et n’y apercevant que des femmes.

— Il n’a pu différer plus longtemps, dit sa sœur aînée en tâchant d’étouffer une envie de rire.

— Allons, allons, filles ! dit la mère, il ne faut pas le tourmenter davantage. — Regardez bien, mon enfant ; est-ce que vous ne voyez pas ici quelqu’un que vous n’y avez pas laissé ce matin ?

— J’ai beau regarder, je ne vois que vous et mes trois sœurs.

— Ne sommes-nous pas quatre à présent ? dit la plus jeune qui rentrait alors.

Au même moment Hobbie serra dans ses bras sa chère Grace, qu’il n’avait pas reconnue, tant à cause de l’obscurité, que parce qu’elle s’était couverte d’un plaid. — Ah ! avez-vous osé me tromper ainsi ? lui dit-il.

— Ce n’est pas ma faute ! s’écria Grace en cherchant à se couvrir le visage de ses mains, pour cacher sa rougeur et se défendre des tendres baisers dont son fiancé punissait son stratagème ; ce n’est