Page:Scott - Nain noir. Les puritains d'Ecosse, trad. Defauconpret, Garnier, 1933.djvu/50

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE IX

Délivre-moi de la donzelle,
Emmène-la dit le géant ;
Je ne suis point si mécréant
Que de vouloir mourir pour elle.

Romance du Faucon.

La tour où logeait Westburnflat était un bâtiment carré de l'aspect le plus sombre. Les murs en étaient très épais : les fenêtres, ou pour mieux dire les fentes qui en tenaient lieu, semblaient avoir été faites, non pour donner entrée à l'air et à la lumière, mais pour fournir aux habitants les moyens de repousser toute attaque du dehors. Une terrasse qui la couronnait était entourée d’un parapet, et donnait aux défenseurs davantage de combattre à couvert.

À peine la troupe se fut-elle arrêtée devant la tour, que le bras d’une femme, passant au travers d’un créneau dans la partie supérieure, agita un mouchoir, comme pour implorer du secours. En l’apercevant, Hobbie fut près de devenir fou de joie. — C’est la main de Grace ! s’écria-t-il. Il faut la délivrer, nous fallût-il démolir pierre à pierre la tour de Westburnflat.

Earnscliff doutait qu’il fût possible de reconnaître à une telle distance le bras et la main d’une femme, mais il ne voulut rien dire qui pût diminuer les espérances du jeune fermier. On résolut donc de faire une sommation à la garnison ; et les cris de la troupe firent paraître la tête d’une vieille à une des meurtrières.

— C’est la mère du brigand, dit Simon ; elle est cent fois pire que lui. La moitié du mai qu’il fait au pays est la suite de ses instigations.

— Qui êtes-vous ? que demandez-vous ? dit la respectable matrone.

— Nous désirons parler à William Græme de Westburnflat.

— Il n’y est pas.

— Depuis quand est-il absent ?

— Je ne puis vous le dire.

— Quand reviendra-t-il ?

— Je n’en sais rien.

— Vous n’êtes pas seule dans la tour ?

— Seule. À moins que vous ne vouliez compter les rats.