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NOTES

matin, et, résolu de les envoyer ici, je pensai que nous pourrions faire une ronde pour voir si nous ne tomberions pas dans un conventicule. Ce projet ne se termina pas à notre avantage ; car, lorsque nous fûmes en vue de ces gens, nous les trouvâmes rangés en bataille dans la position la plus avantageuse, et à laquelle on ne pouvait parvenir qu’à travers les lacs et les marais. Ils n’étaient point à écouter un prêche, et ils avaient renvoyé toutes les femmes et les enfants. Cette troupe consistait en quatre bataillons d’infanterie armés de fusils et de fourches, et trois escadrons de cavalerie. Nous envoyâmes nos dragons escarmoucher contre leur infanterie ; ils vinrent à notre rencontre, et envoyèrent un bataillon contre nous ; nos dragons leur firent prendre la fuite. S’apercevant que nous avions l’avantage à l’escarmouche, ils résolurent d’en venir à un engagement général, et s’avancèrent, l’infanterie en avant de la cavalerie ; ils arrivèrent à travers le lac. Le corps le plus considérable s’avança de mon côté. Nous gardâmes notre feu jusqu’à ce qu’ils fussent à dix pas de nous. Ils soutinrent la décharge et s’avancèrent toujours. Le premier choc renversa le cornette M. Crafford et le capitaine Bleith. Avec une fourche ils ouvrirent le ventre de mon cheval ; ses entrailles pendaient de plus d’une demi-aune hors de sa blessure, et cependant il me porta encore plus d’un demi-mille. Cet événement découragea les gens de notre parti au point qu’ils ne soutinrent pas le choc et se débandèrent. Leur cavalerie profita de cet avantage, et nous poursuivit si chaudement que nous n’eûmes pas le temps de nous rallier. Je sauvai l’étendard, mais je laissai sur le terrain huit ou dix hommes, sans compter les blessés. Les dragons en perdirent davantage. Ils n’étaient pas parvenus facilement de l’autre côté, et j’en vis tomber plusieurs avant que nous en vinssions au choc. Je fis la meilleure retraite que put le permettre la confusion qui régnait parmi mes gens, et je suis maintenant avec milord Ross. La ville de Streva se souleva lorsque nous faisions notre retraite, et profita d’un sentier pour nous couper ; mais nous prîmes courage, et, tombant sur eux, nous les mîmes en fuite, laissant par terre une douzaine de ces coquins. Que feront-ils encore ? je n’en sais rien, mais le pays se réunit à eux de tous côtés, cela peut être regardé comme le commencement de la rébellion.

« Je suis, Milord, de Votre Seigneurie le très humble serviteur,

J. Grahame.

« Je tombe de fatigue et de sommeil ; aussi cette lettre doit se ressentir de la confusion de mes idées. »


(d) Page 284. — délivrance de morton.

Cet incident m’a été suggéré par une aventure arrivée à un inspecteur de l’accise.

Un soir d’été il se promenait à cheval dans la campagne, quand il se trouva subitement en face d’une troupe de contrebandiers les plus hardis du pays. Ils l’entourèrent sans se porter à aucune violence, mais de manière à lui prouver qu’on y aurait recours au besoin, et ils lui firent entendre que puisque le hasard leur avait procuré le plaisir de sa présence, il passerait la soirée dans leur compagnie. Faisant de nécessité vertu, il les suivit et se mit à table avec eux. Ces gens commencèrent à boire, à se permettre de grossières plaisanteries, tandis que leur prisonnier,