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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

tout homme qui attache une certaine importance à la réponse qui doit suivre la question qu’il va faire, demanda à Niel s’il connaissait dans le voisinage une femme nommée Elisabeth Maclure.

— Si je connais Bessie Maclure ? dit l’aubergiste : si je connais la sœur du premier mari de ma défunte femme ? la paix soit avec elle ! Bessie est une brave femme, mais elle a eu bien des malheurs. Elle a perdu deux de ses garçons dans le temps de la persécution, et elle n’a pas passé un seul mois sans avoir des dragons à loger ; car n’importe quel parti ait le dessus, c’est toujours sur nous, pauvres aubergistes, que tombe le fardeau.

— Elle tient donc une auberge ?

— Un petit cabaret. Elle vend de l’ale aux gens qui voyagent à pied ; mais sa maison n’a rien qui puisse attirer le chaland.

— Pouvez-vous me donner un guide pour me conduire chez elle ?

— Est-ce que vous ne logerez pas ici cette nuit ? Vous ne trouverez pas toutes vos aises chez Bessie Maclure, dit Niel dont l’intérêt qu’il prenait à sa belle-sœur n’allait pas jusqu’à lui envoyer des voyageurs qu’il pouvait retenir chez lui.

— J’ai un rendez-vous chez elle avec un ami. Je ne me suis arrêté ici que pour boire le coup de l’étrier et m’informer du chemin.

— Vous feriez mieux de rester ici.

— Impossible. Il faut que je me rende chez cette femme, et je vous prie de me procurer un guide.

— Vous en êtes bien le maître. Monsieur ; mais du diable si vous avez besoin de guide. Vous n’avez qu’à suivre la rivière pendant deux milles, comme si vous vouliez aller à Milnwood ; ensuite vous trouverez à main gauche, une mauvaise route qui conduit dans les montagnes, et deux milles plus loin la maison de Bessie Maclure. Il n’y a pas de danger de vous tromper. Je suis fâché que vous vouliez partir,

Morton paya son écot et se mit en chemin.

Les derniers rayons du soleil disparaissaient, il entra dans le sentier qui conduisait aux montagnes. — C’est ici, pensa-t-il, que commencèrent tous mes malheurs ; c’est ici que Burley allait me quitter, quand une femme vint l’avertir que des soldats gardaient la route qui conduit aux montagnes. N’est-il pas bien étrange que ma destinée soit si étroitement liée à celle de cet homme ? Que ne puis-je recouvrer la paix et la tranquillité au lieu même où je les ai perdues !

Tout en faisant ces réflexions il pressait son cheval, car l’obscurité devenait de plus en plus épaisse.

Il était dans une vallée bordée de montagnes couvertes de bois. Un ruisseau donnait à ce lieu toute la vie qu’un site sauvage peut