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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

substituer un pourpoint et un manteau gris qu’il portait jadis et qu’Alison avait soigneusement conservés dans le tiroir d’une commode. Il ne garda que son épée et ses pistolets.

Quand Morton parut devant mistress Wilson sous cet ancien costume, elle s’écria qu’il lui allait à merveille.

Morton l’interrompit pour lui annoncer qu’il était obligé de se remettre en route. Ce fut un coup qu’elle eut peine à supporter.

— Et pourquoi vous en aller ? où serez-vous mieux que chez vous, après en avoir été absent pendant tant d’années ?

— Vous avez raison ; mais je m’y trouve forcé. C’est pour cela que je ne me suis pas fait connaître à vous en arrivant : je me doutais bien que vous voudriez me retenir.

— Mais où allez-vous ? répéta-t-elle encore. À peine arrivé, vous repartez.

— Il faut que j’aille chez Niel Blane, dans la ville voisine. Je présume qu’il pourra me donner un lit.

— Bien certainement il le pourra. Mais, mon cher enfant, avez-vous donc laissé votre esprit dans les pays étrangers, pour aller ainsi payer un lit et un souper, quand vous pouvez avoir tout cela pour rien ici.

— Je vous assure, Alison, qu’il s’agit d’une affaire de grande importance dans laquelle j’ai beaucoup à perdre ou à gagner.

— Je ne le comprends pas trop, si vous commencez par dépenser sans raison deux schellings d’Écosse pour votre souper. Mais les jeunes gens ne connaissent pas la valeur de l’argent. Mon pauvre vieux maître était plus prudent ; jamais il ne touchait à ce qu’il avait une fois mis en réserve.

Morton persista dans sa résolution, et prit congé de mistress Wilson.