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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

du toit de chaume, annonçait que la famille songeait aux préparatifs du repas du soir. Pour compléter ce tableau champêtre, une jolie petite fille, âgée d’environ quatre ans, remplissait une cruche à une fontaine, à vingt pas de la chaumière.

L’étranger arrêta son cheval, et s’adressant à la petite nymphe lui demanda le chemin de Fairy-Knowe. L’enfant posa sa cruche, et séparant avec ses doigts de beaux cheveux blonds qui lui tombaient sur le front : — Que me dites-vous. Monsieur ? demanda-t-elle en fixant sur le voyageur, avec un air de surprise, ses jolis yeux bleus.

— Je désire savoir le chemin de Fairy-Knowe.

— Mama, mama ! s’écria l’enfant, venez parler à ce monsieur.

La mère parut. C’était une jeune et fraîche paysanne. Elle portait dans ses bras un enfant encore au maillot ; un autre, d’à peu près deux ans et demi, tenait un coin de son tablier.

— Que désirez-vous, Monsieur ? dit la fermière.

Le voyageur la regarda avec attention, et ajouta : — Je désire aller à Fairy-Knowe, et je voudrais parler à un nommé Cuthbert Headrigg.

— C’est mon mari, Monsieur, dit la jeune femme avec un sourire. Voulez-vous descendre, Monsieur, et entrer dans notre pauvre demeure ? — Jenny, allez le chercher du côté du parc. — Monsieur, voulez-vous manger un morceau ou accepter un verre d’ale, en attendant que mon homme vienne ?

L’étranger refusait, lorsque Cuddy parut en personne. Il regarda le cavalier comme quelqu’un qu’il n’avait jamais vu, et de même que sa femme et sa fille il ouvrit la conversation par la question d’usage : — Que désirez-vous de moi, Monsieur ?

— Je suis curieux d’obtenir quelques renseignements sur ce pays, dit le voyageur, et l’on vous a désigné à moi comme un homme intelligent et en état de me satisfaire.

— Sans doute, répondit Cuddy, mais je voudrais savoir quelle sorte de questions. On m’en a fait de tant d’espèces dans ma vie, que vous ne devez pas être étonné si je suis devenu méfiant.

— Vous n’avez rien à craindre des miennes, mon bon ami ; je ne veux vous questionner que sur la situation du pays.

— Le pays va bien, si ce n’était ce diable de Claverhouse, qu’on appelle aujourd’hui Dundee, et qui, dit-on, fait du bruit dans les montagnes, avec les Donald, les Duncan et les Dugald, qui portent toujours des jupons en guise de culottes. Nous sommes pourtant raisonnablement tranquilles ; mais Mackay[1] l’aura bientôt

  1. Le général Mackay.