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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

Le conseil se sépara, et Morton se retrouva dans la voiture du général Grahame.

— Quel courage ! quelle fermeté ! dit-il en réfléchissant à la conduite de Macbriar. Combien il est regrettable que tant de dévouement et d’héroïsme ait été mêlé au fanatisme de sa secte !

— Vous voulez parler, dit Claverhouse, de la sentence de mort qu’il avait prononcée contre vous ! — Il l’aurait très bien justifiée à ses propres yeux. — Mais vous savez où vous vous rendez à présent, monsieur Morton ?

— Nous suivons la route de Leith, à ce que je vois. Ne puis-je, avant mon départ, prendre congé de mes amis ?

— On a parlé à votre oncle, il refuse de vous voir : le bonhomme est frappé d’épouvante. Il tremble, non sans quelque raison, que le châtiment de votre trahison ne retombe sur ses biens : il n’en sera rien cependant. Il vous envoie sa bénédiction, et une petite somme que voici. Lord Evandale est toujours souffrant. Lady Bellenden est à Tillietudlem. Elle a de l’ouvrage pour y remettre tout en ordre : les coquins ont fait un grand dégât parmi les respectables monuments d’antiquité qui faisaient l’objet de sa vénération ; ils ont même brûlé le vieux fauteuil que la bonne dame appelait le trône de Sa Majesté. Y a-t-il quelque autre personne que vous désiriez voir ?

— Non, dit Morton en soupirant ; mais quelque prompt que doive être mon départ, encore faut-il quelques préparatifs indispensables.

— Lord Evandale a pourvu à tout : votre porte-manteau est dans ma voiture, et dans une malle qui est derrière vous trouverez les effets qui pourraient vous manquer. Voici des lettres de recommandation de lord Evandale, pour la cour du stathouder : j’en ai moi-même ajouté une ou deux. En outre, voici des lettres de change, et vous en recevrez d’autres quand vous en demanderez.

Morton était étourdi, confondu, de l’exécution si subite de sa sentence de bannissement. — Et mon domestique ? dit-il.

— J’en aurai soin, répondit Claverhouse : je tâcherai de le faire rentrer au service de lady Bellenden. Je réponds bien qu’il ne s’avisera jamais de faire une seconde campagne avec les whigs. Nous voici sur le quai, descendons, on vous attend.

Des matelots se présentèrent, prirent le bagage de Morton.

— Puissiez-vous être heureux ! continua le général en lui serrant la main, et puissions-nous nous revoir en Écosse dans des temps plus tranquilles ! Je n’oublierai jamais votre conduite généreuse envers mon ami Evandale ; elle vous fait d’autant plus d’honneur dans mon esprit, que je connais vos sentiments secrets, et que bien