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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

dans le temps qu’une blessure l’y avait retenu pendant un mois, n’avait vu qu’avec répugnance le complot de ses camarades. Reconnaissant la voix de son capitaine, il se hâta de lui ouvrir.

Les mutins étaient rangés d’un côté de la cour ; de l’autre, le major, Harrison, Gudyil avec les autres habitants se préparaient à leur résister.

L’arrivée de lord Evandale changea la scène. Il marcha droit à ses soldats, prit Inglis au collet, et, lui ayant reproché sa perfidie, ordonna à deux de ses camarades de le saisir et de le garrotter. On lui obéit. Il leur commanda ensuite de mettre bas les armes.

— Prenez ces armes, dit lord Evandale à Gudyil ; elles ne peuvent rester entre les mains de gens qui ne connaissent pas mieux l’usage pour lequel elles leur ont été confiées. — Maintenant, continua-t-il en s’adressant aux mutins, partez, et prenez la route d’Édimbourg. Vous m’attendrez à House-of-Muir, Vous êtes sans armes, et votre intérêt m’est un garant de votre bonne conduite. Que votre promptitude à exécuter mes ordres prouve votre repentir.

Les soldats désarmés quittèrent le château. Inglis, destiné à servir d’exemple, resta en prison. Holliday reçut des éloges, et eut la promesse de remplacer son caporal.

Tout cela fut l’affaire d’un instant. — Lord Evandale s’approcha ensuite du major, à qui cette scène avait paru un rêve, et lui dit : — Eh bien, mon cher major, il faut rendre le château.

— Que dites-vous, Milord ? En vous voyant, j’espérais que vous nous ameniez un renfort et des vivres.

— Pas un homme, pas un morceau de pain !

— Je n’en suis pas moins ravi de vous voir. Instruit hier que ces misérables avaient résolu de vous mettre à mort ce matin, je m’étais décidé à faire une sortie à la pointe du jour, avec la garnison, sans en excepter un seul homme, et à vous délivrer ou à périr avec vous ; mais quand je voulus effectuer mon projet, ce coquin d’Inglis eut la hardiesse de me déclarer que personne ne sortirait du château. — Qu’allons-nous faire ?

— Je n’ai pas même la liberté du choix ; je suis prisonnier, relâché sur parole, et j’ai promis de me rendre à Édimbourg. Il faut que vous, et vos dames vous preniez la même route. Grâce à la bonté d’un ami que vous connaissez, de M. Morton, j’ai un sauf-conduit ; nous avons des chevaux, ne perdons pas une minute. Vous ne pouvez penser à défendre le château avec sept ou huit hommes, et sans provisions, encore. Vous avez satisfait à ce qu’exigeaient l’honneur et la loyauté ; vous avez rendu au gouvernement un service signalé. Rejoignons l’armée anglaise à Édimbourg.