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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

casque et le justaucorps de peau de buffle qui avaient appartenu à Bothwell protégèrent sa personne contre la plus grande partie du liquide brûlant. Toutefois, il prit le chemin le plus court pour rejoindre le gros de l’armée, sans vouloir recommencer l’attaque.

Quant à Jenny, elle continua ses cris d’alarme.

Ces horribles clameurs excitèrent une telle confusion, que le major Bellenden et lord Evandale, craignant quelque surprise sur un autre point, jugèrent à propos de se borner à la défense de l’intérieur du château, et y rentrèrent avec leurs soldats, abandonnant à l’ennemi les ouvrages avancés.

Leur retraite ne fut pas inquiétée, car la terreur panique de Cuddy et de ses compagnons avait produit parmi les assiégeants à peu près les mêmes effets que les cris de Jenny parmi les assiégés.

Il ne fut plus question de part ni d’autre de renouveler le combat : les insurgés avaient beaucoup souffert, et d’après la résistance qu’ils avaient éprouvée en emportant les barricades, ils avaient peu d’espérance d’enlever la place. D’un autre côté, la situation des assiégés n’était pas rassurante : ils avaient eu deux ou trois hommes tués, et plusieurs blessés. L’ennemi, il est vrai, en avait perdu vingt ; mais cette perte était bien moins sensible pour une armée plus nombreuse. Cependant, ce qu’on avait le plus à craindre dans le château c’était la famine, dans le cas où les assiégeants se borneraient à un blocus, car le major n’avait pas réussi à faire entrer autant de vivres qu’il l’aurait désiré, et la plus active surveillance ne pouvait empêcher les dragons d’en gaspiller une partie. Ce fut donc en faisant des réflexions assez tristes qu’il donna ordre de boucher la croisée par laquelle Cuddy avait failli surprendre le château.