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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

son appartement, afin qu’il prenne du repos et recouvre ses forces.

— Edith a raison, dit la vieille dame ; il faut vous mettre au lit.

Il sortit.

— Excellent jeune homme ! dit le major.

— Il n’a point, reprit lady Marguerite, cet amour-propre qui fait croire à tant de jeunes gens qu’ils savent mieux ce qui leur convient que les personnes qui ont de l’expérience.

— Et si généreux ! ajouta Jenny Dennison, qui, entrée pendant cette conversation, se trouva bientôt seule avec sa maîtresse.

Edith ne répondit à tous ces éloges que par un soupir.

— Après tout, continua Jenny, Milady a bien raison de dire qu’on ne doit avoir confiance dans aucun presbytérien : il n’y en a pas un qui ait ni foi ni loi. Qui aurait cru que le jeune Milnwood et Cuddy Headrigg auraient pris parti avec ces coquins de whigs ?

— Que voulez-vous dire, Jenny ? repartit miss Edith.

— Je sais bien que cela ne vous est pas agréable à entendre, mais il faut bien que vous l’appreniez.

— Cela ! de quoi ?

— Que M. Morton s’est joint aux rebelles, et qu’il a été nommé un de leurs chefs.

— C’est un mensonge ! vous êtes bien hardie d’oser me le répéter. Henry Morton est incapable d’oublier ce qu’il doit à son roi et à son pays.

— Mon Dieu ! miss Edith, il faudrait avoir plus de connaissance des jeunes gens que je n’en ai, pour pouvoir dire ce qu’ils sont capables de faire ou de ne pas faire ; mais Holliday et un autre cavalier se sont déguisés ce matin en paysans ; ils ont pénétré jusque dans le camp des révoltés, et ils viennent de nous dire qu’ils y ont vu M. Henry Morton monté sur un des chevaux du régiment, et vivant de pair à compagnon avec les autres chefs. Il donnait des ordres aux troupes ; et Cuddy était derrière lui, revêtu de la veste galonnée du brigadier Bothwell.

— C’est impossible, Jenny. Mon oncle n’en a pas entendu parler.

— Je le crois bien : Holliday est rentré cinq minutes après l’arrivée de lord Evandale.

— Il a voulu vous tourmenter par cette fausse nouvelle.

— Je ne puis le croire ; car John Gudyil a fait entrer l’autre dragon dans l’office, et celui-ci lui a conté absolument la même histoire, mot pour mot. Et M. Gudyil est entré dans une grande colère, et nous a dit que tout cela venait de la faute de Milady et du major, et que, si on avait fusillé hier matin M. Henry et