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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

— Que j’aurais de plaisir à coopérer à la défense du château ! Mais dans l’état de faiblesse où je suis, je ne serais qu’un fardeau. Ma présence pourrait même accroître votre danger ; car si les rebelles apprenaient qu’un officier du régiment des gardes a reçu asile à Tillietudlem, ils n’en seraient que plus acharnés à s’en emparer. S’ils ne le trouvent défendu que par votre famille, ils marcheront probablement sur Glascow plutôt que de risquer un assaut.

— Pouvez-vous, Milord, s’écria Edith avec cet élan de sensibilité qui caractérise souvent les femmes, nous croire capables d’assez de lâcheté et d’égoïsme pour consentir à votre départ ?

Elle prononça ces mots d’une voix fortement émue.

— Lord Evandale ne peut songer à nous quitter, dit lady Marguerite. Je panserai ses blessures moi-même.

Elle fut interrompue par l’arrivée de son beau-frère.

— Nous avons fait un prisonnier, mon oncle, s’écria Edith, un prisonnier blessé, et qui veut nous échapper.

— Lord Evandale ! s’écria le major ; quel plaisir ! Claverhouse nous avait fait craindre que vous ne fussiez prisonnier, que vous n’eussiez même perdu la vie.

— Je la dois à un de vos amis, répondit Evandale. Renversé de cheval et sans défense, le fer était levé sur ma tête, lorsque M. Morton, le prisonnier pour lequel vous vous êtes intéressé hier, s’est généreusement interposé en ma faveur, a sauvé mes jours au péril des siens, et m’a fourni les moyens de m’évader.

En achevant ces mots, il leva les yeux sur Edith, et crut lire dans ceux de la jeune dame la joie qu’elle ressentait en apprenant que son amant vivait, qu’il était libre, et qu’il ne s’était pas laissé vaincre en générosité. Tels étaient en effet les sentiments de miss Bellenden ; mais il s’y mêlait une véritable admiration pour la franchise avec laquelle lord Evandale venait de rendre justice à son rival et de reconnaître qu’il en avait reçu un service.

Le major, qui n’avait pas remarqué l’émotion de sa nièce et de lord Evandale, eût-elle été mille fois plus évidente, se contenta de dire : — Puisque Henry Morton a quelque influence sur ces misérables, je suis ravi qu’il en ait fait un si bon usage ; mais j’espère qu’il se tirera de leurs mains aussitôt qu’il le pourra. Je connais ses principes, je sais qu’il déteste leur jargon mystique et leur hypocrisie. Mais comment vous êtes-vous échappé, après avoir quitté le champ de bataille, milord ?

— Hélas ! dit lord Evandale, en usant de toute la vitesse de mon cheval. J’ai pris la route sur laquelle je croyais avoir le moins à