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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

— Mais leurs conseils étaient tenus avec sagesse ; et, malgré la violence de leur zèle et l’extravagance de leurs opinions, ils exécutaient les ordres de leurs chefs. Vingt fois je l’ai entendu dire par mon père. Vos conseils, au contraire, ressemblent à un véritable chaos.

— Patience, Henry Morton ; tu ne dois pas abandonner la cause de la religion et de la patrie pour un discours extravagant ou pour une action qui te semble blâmable. Écoute-moi. J’ai déjà fait sentir aux plus sages de nos amis que notre conseil est trop nombreux. On paraît d’accord de le réduire à six des principaux chefs : tu seras un de ces six ; tu y auras ta voix ; tu pourras y favoriser le parti de la modération, quand tu le jugeras convenable. Es-tu satisfait ?

— Je serai charmé de contribuer à adoucir les horreurs de la guerre, et je n’abandonnerai le poste que j’ai accepté que lorsque je verrai adopter des mesures contre lesquelles ma conscience se révoltera.

Balfour fit un geste d’impatience. — Tu verras, que la génération opiniâtre à laquelle nous avons affaire doit être châtiée, jusqu’à ce qu’elle soit humiliée. Mais nous consulterons en tout la prudence et la sagesse.

— Je vous avoue qu’une cruauté préméditée me cause plus d’horreur que celle qui est l’effet du fanatisme et de la vengeance.

— Tu es encore jeune. Mais ne t’effarouche pas, tu auras voix au conseil, et il est possible que nous soyons souvent du même avis.

Morton n’était qu’à demi satisfait ; mais il ne jugea pas à propos de pousser plus loin l’entretien. Burley le quitta en lui conseillant de prendre quelque repos, attendu que l’armée se mettrait probablement en marche le lendemain matin.

— N’allez-vous pas en faire autant ? lui demanda Henry.

— Non, répondit Burley ; mes yeux ne peuvent pas encore se fermer. Il faut que le nouveau conseil soit élu cette nuit.

Lorsque Burley fut parti, Morton, en examinant l’endroit où il se trouvait, crut ne pouvoir en rencontrer un plus convenable pour y passer la nuit. La terre était garnie de mousse, et une pointe de rocher l’abritait contre le vent. Il s’enveloppa dans le manteau de dragon qu’il avait conservé, un sommeil profond vint le délasser des fatigues.

L’armée dormit sur le champ de bataille. Les principaux chefs eurent une longue conférence avec Burley, et l’on plaça autour du camp des sentinelles.