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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

plus rigoureux du calvinisme. Malheureusement il fut plus facile à ce caractère sombre, rêveur et entreprenant, de renoncer à ses habitudes d’intempérance qu’à un instinct de vengeance et d’ambition qui, malgré ses principes religieux, ne cessa de dominer son esprit. Plein d’audace dans ses projets, impétueux et violent dans l’exécution, le but de tous ses désirs était de devenir le chef des presbytériens.

Pour y parvenir, il avait suivi tous les conventicules de whigs. Il les avait plus d’une fois commandés lorsqu’ils s’étaient levés en armes, et il avait battu les forces envoyées contre eux. Enfin son enthousiasme farouche, joint à des motifs de vengeance particulière, le mirent à la tête de ceux qui assassinèrent le primat d’Écosse comme auteur de toutes les souffrances des presbytériens. Les mesures violentes adoptées par le gouvernement pour punir ce crime, vinrent réveiller le souvenir d’anciennes persécutions ; il ne restait plus aux proscrits d’autre ressource que la force des armes, et ce fut ce qui occasionna l’insurrection qui commença par la défaite de Claverhouse à Loudon-Hill. Mais, malgré la part qu’il avait eue à ce succès, Burley était loin de se croire au terme de son ambition. Il savait tout ce qu’il avait à craindre de la différence d’opinions qui divisait les presbytériens par rapport au meurtre de l’archevêque Sharpe : les plus violents l’approuvaient comme un acte de justice inspiré par la Divinité ; mais la plupart le désavouaient comme un crime punissable.

Les insurgés différaient encore d’opinion sur un autre point. Les plus fanatiques condamnaient comme coupable d’un abandon pusillanime des droits de l’église, ces prédicateurs et ces congrégations qui se contentaient d’exercer leur culte avec la permission du gouvernement établi. D’une autre part, les modérés consentaient à reconnaître les droits du roi au trône, et son autorité en matière civile, en tant qu’elle ne blessait ni les libertés du sujet, ni les lois du royaume ; mais les sectaires les plus exaltés, allaient jusqu’à renier le monarque régnant et tous ceux de ses successeurs qui ne voudraient pas jurer la ligue solennelle du Covenant. Les germes de désunion abondaient donc dans ce malheureux parti. Burley prévoyait qu’on perdrait tout, si, dans une telle crise, on ne recherchait pas avant tout l’unité. Nous l’avons vu désapprouver le zèle trop ardent de Macbriar, et désirer le secours des presbytériens modérés, avec l’arrière-pensée de leur imposer un gouvernement de son choix quand on aurait renversé le gouvernement établi.

Ce motif lui faisait désirer vivement d’entraîner Henry Morton dans les rangs des insurgés, afin d’y retenir les presbytériens modérés, parmi lesquels la mémoire du colonel Silas Morton était