Page:Scott - Nain noir. Les puritains d'Ecosse, trad. Defauconpret, Garnier, 1933.djvu/231

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
213
LES PURITAINS D’ÉCOSSE

j’ai pu lui parler. Nous quittions le champ de bataille, le reste du régiment était presque tout dispersé.

— Votre troupe s’est augmentée depuis votre arrivée ici, colonel, dit le major en regardant par une fenêtre.

— Oh ! mes coquins ne sont tentés ni de déserter ni de s’écarter plus loin que la première frayeur ne les a emportés. Il ne règne pas beaucoup d’amitié entre eux et les paysans de ce pays : chaque village par où ils passeraient isolément s’insurgerait contre eux. — Mais parlons maintenant de vos plans, de vos besoins, et des moyens de correspondre avec vous. Je doute de pouvoir rester longtemps à Glascow, même quand j’aurai rejoint lord Ross. Le succès passager de ces fanatiques va évoquer le diable dans tous nos cantons de l’ouest.

Claverhouse et le major convinrent des moyens d’entretenir une correspondance dans le cas où l’insurrection viendrait à s’étendre.

Le colonel prit congé des deux dames.

Lady Marguerite était trop inquiète pour lui répondre comme elle l’aurait fait en toute autre circonstance ; elle se borna à le remercier du renfort qu’il avait promis de lui laisser. Il tardait à Edith de s’assurer du sort de Henry Morton ; mais elle ne put trouver un prétexte pour introduire son nom. Elle se flatta que son oncle en aurait parlé au colonel dans la conversation qu’ils venaient d’avoir ensemble, mais elle se trompait : le major était trop occupé de ses préparatifs de défense pour penser à autre chose ; et lors même que son propre fils se fût trouvé dans la situation de Henry, il est probable qu’il l’aurait oublié.

Claverhouse descendit pour se mettre à la tête des débris de son régiment, et le major l’accompagna pour recevoir le détachement qu’il devait lui laisser. — Je ne puis vous donner aucun officier, dit le colonel : il ne m’en reste qu’un très petit nombre, et leurs efforts joints aux miens, suffiront à peine pour maintenir l’ordre et la discipline parmi mes cavaliers. Je vous laisserai Inglis pour les commander sous vos ordres ; mais si quelque officier du régiment se présentait après mon départ, je vous autorise à le retenir.

Les dragons étant prêts à partir, Claverhouse en fit sortir seize des rangs, les mit sous le commandement d’Inglis, à qui il donna le grade de brigadier, et leur dit ensuite : — Je vous confie la défense de ce château sous les ordres du major Bellenden. Si vous vous conduisez avec courage et soumission, chacun de vous sera récompensé à mon retour ; si quelqu’un néglige ses devoirs, le prévôt et la corde. Vous me connaissez, et vous savez que je ne manque jamais à ma parole.