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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

— D’essayer d’entrer en composition.

— En composition avec des rebelles ! Jamais !

— Je ne prétends pas dire que nous leur demandions une grâce ; mais, que nous leur en offrions une. Envoyez-leur un trompette et un parlementaire ; offrez-leur le pardon à condition qu’ils mettront bas les armes et qu’ils se disperseront sur-le-champ. J’ai souvent entendu dire que si l’on avait suivi cette marche avant la bataille de Pentland-Hills, on aurait épargné bien du sang et bien des larmes.

— Mais qui diable voudra se charger d’aller parler à ces enragés ? Ils ne connaissent pas les lois de la guerre ; ce sont leurs chefs qui ont assassiné le malheureux archevêque de Saint-André. Ils tueront notre parlementaire.

— J’irai les trouver moi-même, si vous le permettez.

— Vous n’irez point, répondit le colonel après un instant de réflexion : dans un temps où les bons principes sont si rares, votre rang, votre situation, votre grade, rendent la conservation de vos jours nécessaire à la patrie. Cependant je consens à adopter votre avis. Voici mon neveu Dick Grahame ; il ne craint ni le fer ni le feu. Grahame prendra un drapeau blanc, se fera précéder par un trompette, et s’avancera jusqu’au bord du fossé, pour sommer les rebelles de poser les armes et de se disperser.

— De tout mon cœur, colonel, répondit vivement le cornette.

— Colonel, dit lord Evandale pendant que l’insouciant officier allait prendre son cheval, ce jeune homme est votre neveu, votre plus proche parent ! Pour l’amour du ciel, permettez-moi de me charger de cette mission. C’est moi qui en ai ouvert l’avis, c’est à moi de courir le danger auquel elle peut exposer.

— Quand il serait mon fils unique, je n’y consentirais point. Mes affections particulières ne m’empêcheront jamais de remplir mes devoirs. Si Dick Grahame succombe, sa perte ne retombera que sur moi seul. La vôtre, Milord, en serait une pour le roi et pour la patrie… Allons, Messieurs, que chacun retourne à son poste, et si notre parlementaire ne réussit pas dans sa mission, nous attaquons sans plus différer.