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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

— Il en est déjà qui sont en marche, dit lord Evandale, et l’on m’a assuré qu’ils attendent un renfort de presbytériens soi-disant soumis aux lois, et qui sont commandés par le jeune Milnwood, fils du fameux colonel des têtes-rondes Silas Morton.

Ce discours ne produisit pas la même impression sur tous les assistants. Édith tomba sur une chaise, accablée de terreur et de désespoir ; Claverhouse jeta sur le major un regard de triomphe qui semblait dire : — Eh bien, vous voyez quels sont les principes du jeune homme pour qui vous vous intéressez !

L’œil en feu, le major s’écria vivement : — C’est une infâme calomnie inventée par ces misérables rebelles pour se procurer des partisans. Je répondrais de Henry Morton comme de mon propre fils. Il a d’aussi bons principes qu’aucun officier des gardes. Édith Bellenden pourrait l’attester comme moi ; je l’ai souvent vu lire dans le même livre de prières qu’elle, et ils savaient par cœur les leçons aussi bien que le ministre. Mais faites-le venir ; écoutez sa justification.

— Innocent ou coupable, dit le colonel, je n’y vois nul inconvénient. — Major Allan, prenez un guide, et conduisez le régiment vers Loudon-Hill. Lord Evandale et moi, nous vous rejoindrons dans un quart d’heure. — Que Bothwell, avec une escorte, nous amène le prisonnier.

Allan sortit aussitôt, ainsi que tous les officiers, excepté lord Evandale et le colonel ; et le son de la musique militaire annonça que le régiment se mettait en marche.

Tandis que Claverhouse cherchait à calmer les terreurs de lady Marguerite et à ramener le major Bellenden à son opinion sur le jeune Morton, Evandale s’approcha de miss Édith, et lui dit d’un ton aussi tendre que respectueux : — Nous allons vous quitter, et pour remplir un devoir qui doit peut-être nous exposer à quelques dangers. — Adieu, chère miss Bellenden, et permettez-moi de dire chère Édith pour la première et peut-être pour la dernière fois.

Le son de sa voix annonçait en lui un sentiment bien vif ; il était impossible qu’Édith s’y trompât. Quoique accablée par le danger que courait l’amant préféré par son cœur, elle ne put s’empêcher d’être émue de compassion pour un brave jeune homme qui prenait congé d’elle pour s’exposer à tous les périls de la guerre.

— J’espère, dit-elle, que vous ne courez aucun danger ; que la crainte, plutôt que la force des armes, dispersera les insurgés, et que vous reviendrez bientôt recevoir les félicitations et les témoignages d’amitié de tous les habitants de ce château.

De tous ! répéta-t-il en appuyant sur ce mot ; que ne puis-je le croire ! Mais je ne compte pas sur un succès si prompt ; notre