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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

fort inquiètes, ma mère et moi, de ne pas vous voir au wappen-schaw. Si elle vous permet de sortir, nous serons bien charmées de vous voir demain matin : le colonel Grahame de Claverhouse devant venir déjeuner à notre humble manoir, la société d’un militaire comme vous lui sera sans doute plus agréable que celle de deux femmes. Je vous prie de dire à mistress Carefor’t, votre femme de charge, de m’envoyer une robe de soie garnie de dentelles, que j’ai laissée dans le troisième tiroir de la commode de la chambre verte que vous voulez bien appeler la mienne. Envoyez-moi aussi le second volume du Grand Cyrus, car j’en suis restée à l’emprisonnement de Philipdaspes, page 733 ; et surtout n’oubliez pas d’être ici demain à huit heures du matin. Je prie le ciel qu’il vous conserve en bonne santé, et je reste, mon cher oncle, votre affectionnée et soumise,

Édith Bellenden.

« P. S. Un parti de soldats a amené hier soir ici votre jeune ami, M. Henry Morton de Milnwood. Vous serez sans doute fâché d’apprendre son arrestation. Je vous en informe dans le cas où vous jugeriez convenable de parler en sa faveur au colonel Grahame. Je n’en ai rien dit à ma mère : vous savez qu’elle a des préventions contre la famille de ce jeune homme. »


Cette lettre cachetée fut remise à Jenny, et la fidèle confidente se hâta de la porter à Gibby. Elle lui donna ses instructions sur la route qu’il devait suivre. L’ayant fait sortir secrètement du château, elle retourna vers sa maîtresse, qu’elle engagea à se mettre au lit, et s’efforça de lui donner l’espérance que Gibby réussirait dans son message.

Servi par le hasard plutôt que par son intelligence, Gibby fut heureux comme messager ; il arriva à Charnwood comme l’aurore commençait à paraître.