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CHAPITRE IX

Si je te proposais de voguer avec toi
Sur le cristal uni d’une mer sans orage,
Pour laisser là l’esquif et gagner le rivage
Quand le souffle des vents inspirerait l’effroi.

Prior.

Tandis que lady Margaret tenait avec le noble sous-officier de dragons la conférence que nous avons rapportée, sa petite-fille, qui ne partageait qu’à un très faible degré son enthousiasme pour tout ce qui se rattachait au sang royal, n’avait honoré Bothwell que d’un simple coup d’œil. Les autres soldats attirèrent encore moins son attention ; mais quant au prisonnier, qui, enveloppé dans son manteau, prenait un soin particulier de cacher sa figure, elle pouvait à peine en détacher ses regards, et cependant elle se reprochait une curiosité qui semblait évidemment mortifier celui qui en était l’objet.

— Je voudrais savoir qui est ce pauvre prisonnier, dit-elle à Jenny Dennison, suivante qui était spécialement à son service.

— Je pensais la même chose, miss Édith ; mais ce ne peut être Cuddy Headrigg, il est plus grand et plus robuste.

— Cependant, continua miss Bellenden, c’est peut-être un voisin auquel nous pourrions avoir quelque motif de nous intéresser.

— Une fois les soldats installés, je saurai bientôt qui il est ; car j’en connais un parfaitement, le plus jeune et le mieux fait.

— Je crois que vous connaissez tous les fainéants du canton.

— Non, miss Édith, je ne suis pas si prompte à faire des connaissances. Certes, on ne peut pas s’empêcher de connaître de vue ceux qui ne cessent de vous regarder ; mais je parle à un très petit nombre de jeunes gens, à moins qu’ils ne soient de la maison.

— Dites-moi comment vous avez connu ce jeune soldat.

— Mon Dieu, miss Édith, c’est Tom Holliday, le dragon qui fut blessé à deux pas d’ici, et qui a passé plus d’un mois au château. Ah ! je peux lui demander tout ce que je voudrai, je suis bien sûre que Tom ne me refusera pas.

— Tâchez donc de trouver l’occasion de lui demander le nom du prisonnier, puis venez me joindre dans ma chambre.