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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

que les profanes appellent eau-de-vie, et de le vider à la santé de Sa Grâce l’archevêque de Saint-André, après vous être levé de votre siège et vous être baissé jusqu’à ce que vos genoux touchent la terre.

Chacun attendait la réponse. Les traits durs et farouches de l’étranger, la force évidente de ses membres, annonçaient un homme peu disposé à entendre la plaisanterie. — Et si je ne satisfais pas à votre impertinente requête, dit-il, qu’en pourra-t-il résulter ?

— Ce qu’il en résultera ? dit Bothwell avec le même accent de raillerie, c’est que, primo, je tirerai ta protubérance nasale ; secundo, j’appliquerai mon poing sur tes organes visuels ; et tertio enfin, je ferai tomber le plat de mon sabre sur les épaules du réfractaire.

— En vérité ! dit l’étranger. Passez-moi le verre ; — et, donnant à sa physionomie et au son de sa voix une expression singulière : — Je porte la santé de l’archevêque de Saint-André, bien digne de la place qu’il occupe en ce moment, poursuivit-il : puisse chaque prélat d’Écosse être bientôt comme le très révérend James Sharpe !

— Eh bien, dit Holliday d’un air de triomphe, il a subi l’épreuve.

— Oui, mais avec un commentaire, remarqua Bothwell ; je ne comprends pas ce que veut dire ce whig tondu.

— Allons, Messieurs, dit Morton que leur insolence commençait à impatienter, nous sommes tous ici de fidèles sujets du roi, rassemblés pour un jour de fête, et nous avons droit d’espérer que nous ne serons pas troublés plus longtemps par de pareilles discussions.

Bothwell allait répliquer d’un ton bourru, mais Holliday lui rappela tout bas que la troupe avait reçu de strictes injonctions de n’insulter aucun de ceux qui seraient venus à la revue. Le brigadier ne put cependant se contenir tout à fait, et regardant Morton en face ; — Fort bien, maître Perroquet, lui dit-il, je ne veux pas troubler votre règne. — N’est-il pas plaisant, Holliday, ajouta-t-il en se tournant vers son camarade, que des bourgeois fassent tant d’étalage pour savoir tirer au blanc ? Si monsieur le capitaine Perroquet ou quelqu’un de sa troupe voulait essayer avec moi au sabre ou à l’épée ; mais tous ces paysans (Il heurtait du pied le bout de l’épée de Morton.) portent des armes qu’ils n’oseraient toucher.

La patience de Morton était à bout ; il se leva, et, regardant fièrement Bothwell, il portait la main à l’épée, quand l’étranger, s’avançant entre eux, lui dit : — C’est ma querelle ! j’ai été insulté le premier, et au nom de la bonne cause, je dois accepter le défi. — Vous parlez de lutter, dit-il ensuite à Bothwell, voulez-vous vous hasarder à lutter avec moi ?

— Bien volontiers, répliqua le brigadier.