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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

avait espéré pour lui une trop longue continuation de son pélerinage sur la terre. Il y a plusieurs années qu’il n’a reparu dans les lieux qu’il fréquentait, et de jour en jour la mousse et le lichen couvrent d’une couche épaisse ces pierres qu’il passait sa vie à protéger contre la dégradation. Le commencement de ce siècle vit le terme de ses travaux, et il fut trouvé sur la route de Lockerby, dans le comté de Dumfries, épuisé et expirant ; le vieux poney, compagnon de ses courses, se tenait immobile près de son maître, sur lequel on trouva une somme suffisante pour l’enterrer décemment ; preuve que sa mort ne fut hâtée ni par la violence ni par le besoin. Le bas peuple conserve avec respect sa mémoire, et plusieurs croient que les pierres qu’il répara n’auront plus besoin du secours du ciseau.

Mes lecteurs comprendront qu’en voulant composer un tout des anecdotes que j’eus l’avantage de recueillir de la bouche du vieillard, je me suis bien gardé d’adopter son style, ses opinions, et même ses récits des faits.

Du côté des presbytériens, j’ai consulté les fermiers de l’ouest, qui ont pu, malgré le bouleversement des domaines, conserver la jouissance des pâturages dans lesquels leurs pères conduisaient leurs troupeaux ; pourtant je dois avouer que plus nous avançons, plus cette source d’informations m’a paru limitée. J’ai eu recours pour y suppléer, à ces modestes voyageurs que la civilité scrupuleuse de nos ancêtres appelait marchands ambulants. Je leur suis redevable de plusieurs éclaircissements sur les récits du Vieillard de mort.