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dis que la vérité ; je suis un homme dépouillé, chargé de dettes, misérable. Des mains implacables m’ont arraché mes biens, mon argent, mes vaisseaux et tout ce que je possédais ! Cependant je peux vous dire ce qui vous manque, et peut-être vous le procurer. Vous désirez un cheval et une armure.

Le pèlerin tressaillit, et, se tournant brusquement vers le juif :

— Quel démon t’a suggéré cette pensée ? dit-il vivement.

— N’importe ! dit le juif en souriant, pourvu qu’elle soit vraie ; et, de même que je devine ce qui te manque, je puis te le faire avoir.

— Réfléchis, dit le pèlerin, à mon caractère, à mon habit, à mon vœu.

— Je vous connais, vous autres chrétiens, répondit le juif ; les plus nobles d’entre vous prennent le bâton et la sandale pour accomplir leurs pénitences superstitieuses et visiter à pied les tombeaux des morts.

— Ne blasphème pas, juif ! dit le pèlerin d’un ton fier.

— Pardonnez-moi, reprit Isaac, j’ai parlé avec précipitation. Toutefois, il vous est échappé cette nuit et ce matin quelques paroles qui, pareilles aux étincelles qui jaillissent du briquet, ont trahi le métal ; et sous cette robe de pèlerin se cachent la chaîne et les éperons d’or du chevalier. Ils se sont révélés ce matin quand vous vous penchâtes sur mon lit.

Le pèlerin ne put s’empêcher de sourire.

— Si tes vêtements étaient fouillés, Isaac, par un œil aussi curieux, ajouta-t-il, que n’y découvrirait-on pas ?

— Ne parlons pas de cela, dit le juif en pâlissant et tirant à la hâte une écritoire de sa ceinture.

Puis, comme pour mettre un terme à la conversation, il commença à écrire quelques mots sur un morceau de papier soutenu par son bonnet jaune et sans descendre de sa mule. Quand il eut fini, il donna le papier, sur lequel il avait tracé des caractères hébraïques, au pèlerin, en lui disant :