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dérober en emportant un quartier de lard, dit Wamba, survenant en ce moment.

— Quoi qu’il en soit, dit Gurth en se rejetant sur le billot de bois qui lui servait d’oreiller, le juif et le gentil devront se contenter d’attendre l’ouverture de la grande porte d’entrée. Nous ne permettrons à aucun étranger de sortir secrètement à des heures indues.

— Cependant, dit le pèlerin d’un ton d’autorité, je ne pense pas que vous me refusiez cette grâce.

En disant cela, il s’inclina sur le lit du porcher et dit quelques mots à l’oreille du Saxon.

Gurth se redressa comme s’il eût été secoué par une machine électrique. Alors le pèlerin, posant le doigt sur sa bouche, comme pour lui recommander la prudence, ajouta :

— Fais attention, Gurth ; tu es prudent habituellement ; ouvre la poterne, te dis-je ; tout à l’heure tu en sauras davantage.

Gurth lui obéit avec un vif empressement, pendant que Wamba et le juif les suivaient, étonnés tous deux du changement subit qui s’était opéré dans le maintien du porcher.

— Ma mule ! ma mule ! dit le juif dès qu’ils se trouvèrent hors de la poterne.

— Donne-lui sa mule, dit le pèlerin, et écoute. Fais que j’en trouve une autre jusqu’à ce que j’aie quitté les environs. Je la remettrai saine et sauve à quelqu’un des gens de Cédric, à Ashby, et toi…

Et il acheva la phrase à l’oreille de Gurth.

— Volontiers ! dit Gurth ; très-volontiers ! ce sera fait.

Et il partit aussitôt pour exécuter l’ordre qu’il venait de recevoir.

— Je voudrais savoir, dit Wamba dès que son camarade eut tourné le dos, ce que, vous autres pèlerins, vous apprenez dans la Terre sainte ?

— À dire nos oraisons, bouffon, répondit le pèlerin, à nous