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bien plus agréable à nos oreilles saxonnes que ces compliments que vous inspire votre courtoisie française.

— J’ai peu de choses importantes à vous apprendre, madame, répondit Brian de Bois-Guilbert, si ce n’est la nouvelle déjà confirmée d’une trêve entre les croisés et Saladin.

Il fut interrompu par Wamba, qui avait pris sa place habituelle sur une chaise dont le dossier était surmonté de deux oreilles d’âne, et qui se trouvait placée à deux pas derrière le siège de son maître, lequel, de temps à autre, lui servait des mets de sa propre assiette, faveur que le bouffon partageait avec les chiens favoris, dont plusieurs, ainsi que nous l’avons dit, se trouvaient dans la salle.

Wamba était assis, ayant devant lui une petite table, et tenant ses talons ramenés sur le bâton de sa chaise. Ses joues creusées donnaient à sa mâchoire l’apparence d’un casse-noisette et ses yeux à demi fermés épiaient sans cesse chaque occasion d’exercer sa licence moqueuse.

— Ces trêves avec les infidèles, s’écria-t-il sans s’inquiéter de la manière abrupte dont il interrompait l’altier templier, me vieillissent singulièrement.

— Comment cela, drôle, s’écria Cédric, dont les traits épanouis accueillaient déjà favorablement la raillerie prévue.

— Parce que je me rappelle, dit Wamba, trois trêves conclues de mon temps, dont chacune devait durer cinquante années. Or, suivant ce calcul, je devrais avoir au moins aujourd’hui cent cinquante ans.

— Je vous garantis que vous ne mourrez pas de vieillesse, dit le chevalier du Temple, reconnaissant alors son ami de la forêt, et je vous assure contre toute espèce de mort, excepté la mort violente, si vous donnez à tous les voyageurs des renseignements pareils à ceux que vous avez donnés ce soir au prieur et à moi.

— Comment ! dit Cédric, donner de fausses indications aux voyageurs ? Vous aurez le fouet, car vous êtes aussi astucieux que fou.