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Dès qu’Elgitha se fut retirée, la jeune fille fléchit le genou, porta la main à son front et baissa la tête jusqu’à terre, et, malgré la résistance de Rowena, baisa le bord de sa tunique brodée.

— Que veut dire cela ? demanda la belle Saxonne, pourquoi me rendez-vous une marque de respect si extraordinaire ?

— Parce qu’à vous, dame d’Ivanhoé, répondit Rébecca en se relevant et reprenant la dignité calme de sa manière habituelle, je peux à juste titre, et sans m’exposer aux reproches, payer la dette de gratitude que j’ai contractée envers Wilfrid d’Ivanhoé. Je suis, pardonnez la hardiesse de mon hommage, je suis la malheureuse juive pour laquelle votre époux a exposé ses jours, dans une lutte si inégale, au champ clos de Templestowe.

— Damoiselle, répondit Rowena, Wilfrid d’Ivanhoé, en ce jour mémorable, n’a fait qu’acquitter faiblement la dette de gratitude que vos soins charitables lui avaient fait contracter. Parlez, y a-t-il quelque chose en quoi lui et moi puissions vous être utiles ?

— Rien, dit Rébecca avec calme, à moins que vous ne lui transmettiez mes adieux et l’expression de ma reconnaissance.

— Quittez-vous donc l’Angleterre ? demanda Rowena, à peine remise de l’étonnement que lui avait causé cette visite extraordinaire.

— Je l’aurai quittée, noble dame, avant que la lune ait accompli sa phase. Mon père a un frère qui est très en faveur auprès de Mohammed Boabdil, roi de Grenade ; c’est là que nous nous retirons, assurés d’y trouver le repos et la protection, moyennant la rançon que les musulmans exigent de notre peuple.

— Ne serez-vous donc pas aussi bien protégée en Angleterre ? demanda Rowena. Mon époux jouit de la faveur du roi, et Richard est juste et généreux.

— Je n’en doute pas, noble dame ; mais le peuple d’Angleterre