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théâtre d’une conspiration perfide contre le roi d’Angleterre, ou, si tu le préfères, reste ici comme hôte de Richard et sois témoin de notre justice.

— Recevoir l’hospitalité dans un lieu où j’ai droit de commander ? dit le templier. Jamais ! — Chapelains, entonnez le psaume Quare fremuerunt gentes ! Chevaliers, écuyers et serviteurs du saint Temple, préparez-vous à suivre la bannière de Beauséant !

Le grand maître prononça ces paroles avec un ton de dignité qui semblait le placer au niveau du roi d’Angleterre et qui releva le courage de ses chevaliers, surpris et terrifiés. Ils se pressèrent autour de lui comme les moutons autour du chien de garde lorsqu’ils entendent les hurlements du loup.

Mais ces hommes intrépides ne témoignèrent pas les craintes du troupeau alarmé. Leur front audacieux se levait d’un air de défi et leurs regards exprimaient des menaces que n’osait proférer leur bouche. Ils se réunirent et formèrent une sombre ligne de lances sur laquelle les manteaux blancs des chevaliers se détachaient, au milieu des vêtements sombres des gens de leur suite, comme les bords lumineux d’un nuage obscur.

Le peuple, qui avait poussé un cri bruyant et réprobateur, s’arrêta et contempla en silence ce corps formidable de guerriers éprouvés qu’il trembla d’avoir irrités, et s’écarta devant eux.

Quand le comte d’Essex vit ces dispositions hostiles, il plongea les molettes de ses éperons dans les flancs de son cheval et galopa de long en large pour réunir ses soldats et les mettre en ordre de défense.

Richard seul, comme s’il se fût complu dans le danger que provoquait sa présence, parcourait lentement le front des templiers et leur criait :

— Eh bien ! messires, parmi tant de vaillants chevaliers, n’y en a-t-il pas un qui veuille rompre une lance avec Richard ? Messires du Temple, vos dames ont le teint bien