Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/589

Cette page a été validée par deux contributeurs.

proclamer lâche dans toutes les cours de l’Europe, dans toutes les préceptoreries de ton ordre, si tu ne te mesures avec moi à l’instant même.

Bois-Guilbert se tourna d’abord vers Rébecca d’un air irrésolu ; puis il s’écria en regardant Ivanhoé d’un air farouche :

— Chien de Saxon ! saisis ta lance et prépare-toi à la mort.

— Le grand maître m’accorde-t-il le combat ? demanda Ivanhoé.

— Je ne puis vous le refuser, répondit le grand maître, si cette jeune fille vous accepte pour champion. Cependant, je voudrais vous voir plus en état de combattre. Vous avez toujours été un ennemi de notre ordre ; néanmoins je désire agir honorablement avec vous.

— Je demande le combat à l’instant, répondit Ivanhoé, c’est le jugement de Dieu. Je me confie à sa bonne garde. Rébecca, continua-t-il en s’approchant de la chaise fatale, m’acceptes-tu pour champion ?

— Oui, oui, dit-elle agitée par une émotion que la crainte de la mort n’avait pu produire en elle, je t’accepte comme le champion qui m’est envoyé par le Ciel. Mais non, non ; tes blessures ne sont pas guéries ; ne combats pas cet homme cruel ; pourquoi périr avec moi ?

Mais déjà Ivanhoé était à son poste ; il avait fermé sa visière et saisi sa lance. Bois-Guilbert en fit autant, et son écuyer remarqua, en attachant sa visière, que son visage, qui durant toute la matinée avait été couvert d’une pâleur mortelle s’était subitement couvert d’un rouge sanglant.

Le héraut, voyant les deux champions en place, éleva la voix et répéta trois fois :

Faites votre devoir, preux chevaliers !

Après le troisième cri, il se retira sur un des côtés de la lice, et proclama de nouveau que personne, sous peine de mort, n’osât, par des paroles, par des cris ou par des gestes, interrompre ou déranger le combat.