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La malheureuse Rébecca fut conduite à une chaise peinte en noir, placée auprès du bûcher. En jetant le premier regard sur les préparatifs qu’on avait faits pour une mort aussi épouvantable à l’esprit qu’elle était douloureuse au corps, on la vit frémir et fermer les yeux en priant sans doute intérieurement, car sa lèvre remuait, bien qu’aucun son ne sortît de sa bouche.

Au bout d’une minute, elle rouvrit les yeux, regarda fixement le bûcher comme pour familiariser son esprit avec cette vue ; puis, par un mouvement lent et naturel, elle détourna la vue.

Cependant le grand maître s’était assis ; et, lorsque les chevaliers de son ordre furent placés autour de lui, chacun selon son rang, une fanfare de trompettes, bruyante et prolongée, annonça que la cour siégeait pour le jugement. Alors Malvoisin, comme parrain du champion, s’avança et déposa aux pieds du grand maître le gant de la juive, gage du combat.

— Vaillant seigneur et révérend père, dit-il, voici le brave chevalier Brian de Bois-Guilbert, chevalier précepteur de l’ordre du Temple, qui, en recevant le gage de bataille déposé aux pieds de Votre Révérence, s’est engagé à faire son devoir dans le combat d’aujourd’hui, pour maintenir que cette fille juive, nommée Rébecca, a justement mérité la sentence rendue contre elle par un chapitre du très-saint ordre du Temple de Sion, la condamnant à mourir comme sorcière ; le voici, dis-je, prêt à soutenir le combat honorablement et en brave chevalier, si telle est votre sainte et noble volonté.

— A-t-il prêté serment, demanda le grand maître, que sa cause est juste et honorable ? Faites apporter le crucifix et le Te igitur.

— Très-révérend père, dit Malvoisin vivement, notre frère a déjà affirmé par serment la vérité de l’accusation entre les mains du brave chevalier Conrad de Montfichet, et il n’est pas tenu de prêter d’autre serment, son adver-