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disette, l’emprisonnement et le meurtre de plusieurs milliers de gens tranquilles. Je vous dis que je ne veux être roi que dans mes propres domaines et non ailleurs, et que mon premier acte d’autorité sera de faire pendre l’abbé.

— Et ma pupille Rowena, demanda Cédric, j’espère que vous ne voulez pas l’abandonner ?

— Mon père Cédric, répondit Athelsthane, soyez raisonnable. Lady Rowena se soucie peu de moi ; elle préfère à toute ma personne le petit doigt du gant de mon cousin Wilfrid. Elle est là pour le reconnaître. Allons, ne rougissez pas, ma belle parente ! il n’y a rien de répréhensible à ce que vous aimiez mieux un chevalier galant qu’un seigneur de province. Ne riez pas non plus, Rowena, car un linceul et un visage maigre ne sont pas, Dieu le sait, un sujet de gaieté ! Mais, si vous voulez rire absolument, je vous en donnerai un meilleur sujet. Donnez-moi votre main, ou plutôt prêtez-la moi, car je ne vous la demande que par amitié. Bien ! Maintenant, cousin Wilfrid d’Ivanhoé, continua-t-il, approche. Je renonce à cette main en faveur… Eh ! par saint Dunstan, notre cousin Wilfrid a disparu !… Cependant, à moins que mes yeux ne soient troublés par le jeûne que j’ai enduré, je l’ai vu là debout il n’y a qu’un instant.

Tout le monde se retourna, et chacun chercha Ivanhoé ; mais il avait disparu. On apprit enfin qu’un juif était venu le demander, et que, après un très court entretien avec lui, il avait demandé Gurth et son armure, et qu’il avait quitté le château.

— Belle cousine, dit Athelsthane à Rowena, si j’avais lieu de penser que cette disparition subite d’Ivanhoé ne provînt pas de quelque motif très sérieux, je reprendrais les droits…

Mais il n’eut pas plutôt abandonné sa main en apprenant la disparition d’Ivanhoé, que Rowena, qui sentait tout l’embarras de sa position, avait saisi cette occasion de s’échapper de la chambre.