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ne te suffit pas pour étancher ta soif, tu viendras à ma cour et tu lieras connaissance avec mon sommelier.

— Et pour saint Dunstan ? demanda le frère.

— Une chape, une étole, une nappe d’autel te seront données, ajouta le roi en se signant. Mais ne poussons pas nos plaisanteries si loin, de peur que Dieu ne nous punisse de penser bien plus à nos folies qu’à son culte et à son honneur.

— Je réponds de mon patron, dit le prêtre joyeusement.

— Réponds de toi-même, frère, ajouta le roi Richard un peu sévèrement.

Mais, aussitôt après, il tendit sa main à l’ermite. Ce dernier, quelque peu humilié, plia le genou et la baisa. Tu fais moins d’honneur à ma main étendue qu’à mon poing fermé, dit le monarque en riant. Tu t’agenouilles seulement devant l’une, mais tu t’es prosterné devant l’autre.

Cette fois, le frère, craignant d’offenser le roi en continuant l’entretien sur un ton trop familier, faute dont doivent bien se garder ceux qui conversent avec les rois, salua profondément et se retira à l’écart.

En ce moment, deux nouveaux personnages parurent sur la scène.


XLI


Les nouveaux arrivants étaient Wilfrid d’Ivanhoé, sur le palefroi du prieur de Saint-Botolphe, et Gurth, qui le suivait sur le cheval de bataille même du chevalier. L’étonnement d’Ivanhoé fut extrême quand il vit le roi couvert de sang, et six ou sept cadavres gisant autour de lui dans la petite clairière où le combat avait eu lieu. Il ne fut pas moins surpris de voir Richard entouré d’un si grand nombre