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IVANHOÉ.

dant les temps de troubles qui en ont été la suite ne sera rappelée contre toi.

— C’est ce que dit le proverbe, s’écria Wamba, qui plaçait partout son mot, mais dont le ton, cette fois, était moins pétulant que de coutume :

Lorsque les chats sont partis,
C’est la fête des souris.

— Eh quoi ! Wamba, tu es là ? dit Richard. Il y a si longtemps que je n’avais entendu ta voix, que je pensais que tu avais pris la fuite.

— Moi, prendre la fuite ! s’écria Wamba ; quand voit-on jamais la folie se séparer de la valeur ? Voilà le trophée de mon épée, ce brave hongre gris, que je serais bien content de revoir sur ses jambes, à condition que son maître eût les jarrets coupés à sa place. Il est vrai que j’ai d’abord pris un peu de terrain, car une jaquette bigarrée ne soutient pas aussi bien les pointes de lance qu’une armure d’acier ; mais, si je n’ai pas combattu à la pointe de l’épée, vous avouerez que j’ai bravement sonné la charge.

— Et tu l’as fait fort à propos, honnête Wamba, répliqua le roi ; ton bon service ne sera pas oublié.

Confiteor ! confiteor ! s’écria d’un ton plein de soumission une autre voix près du roi ; je suis au bout de mon latin ; mais je reconnais ma trahison capitale, et j’implore l’absolution avant d’être mené à la potence !

Richard tourna les yeux et aperçut, à genoux, le joyeux frère disant son rosaire, tandis que son bâton à deux bouts, qui n’était pas resté oisif pendant l’escarmouche, était près de lui sur le gazon. Il avait tâché de donner à sa physionomie l’expression qu’il avait crue la plus propre à exprimer, selon lui, un profond repentir, ses yeux étant relevés et les coins de sa bouche rabattus, selon le mot de Wamba, comme les glands à l’ouverture d’une bourse. Cependant cette gravité extérieure et cette affectation d’extrême repentir se trouvaient singulièrement contredites par une