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IVANHOÉ.

— Comment cela, Wamba ? demanda le chevalier.

— Parce qu’alors ils ont tant soit peu de remords de conscience et cherchent à se raccommoder avec le Ciel. Mais, quand leur compte est en règle, Dieu garde les premiers qu’ils rencontrent ! Je ne voudrais pas être dans la peau du premier voyageur qui leur tombera sous la main ; après leur bonne action de Torquilstone, il serait écorché sans pitié. Et cependant, ajouta Wamba s’approchant tout à fait du chevalier, il y a des compagnons qui sont bien plus dangereux encore pour les voyageurs que la rencontre de nos outlaws.

— De qui voulez-vous parler ? car il n’y a ni ours ni loups dans ces alentours, dit le chevalier.

— Ma foi ! il y a les hommes d’armes de Malvoisin, s’écria Wamba ; et laissez-moi vous dire que, dans un temps de guerre civile, une dizaine de ces coquins vaut bien une bande de loups. C’est maintenant leur saison de récolte, et ils se trouvent renforcés des soldats qui se sont échappés de Torquilstone, de sorte que, si nous faisons la rencontre d’une bande de ces vauriens, il nous faudra payer pour nos faits d’armes. Or, je vous le demande, gentil chevalier, que feriez-vous si nous en rencontrions deux ?

— Je clouerais les bandits contre terre avec ma lance, Wamba, s’ils étaient assez hardis pour nous attaquer.

— Mais s’ils étaient quatre ?

— Ils auraient à boire à la même coupe, répondit le chevalier.

— Mais encore, s’il y en avait six, continua Wamba, et que nous fussions, comme nous le sommes, deux hommes à peine, ne vous souviendriez-vous pas du cor de Locksley ?

— Quoi ! s’écria le chevalier, en sonner pour demander du secours contre une vingtaine de ces racailles qu’un seul bon chevalier chasserait devant lui comme le vent chasse les feuilles desséchées !

— Eh bien ! alors, reprit Wamba, permettez-moi de re-