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IVANHOÉ.

Ils donnèrent ces détails avec toute l’exagération à laquelle se livrent en général les esprits vulgaires, lorsqu’ils ont été fortement impressionnés par quelque événement extraordinaire, et leur penchant naturel pour le merveilleux se trouva stimulé par l’air de satisfaction avec lequel l’éminent personnage qui présidait l’assemblée écoutait leur récit.

De cette manière, les dangers que Bois-Guilbert avait affrontés, assez grands déjà par eux-mêmes, devinrent merveilleux dans leur narration. Le dévouement du chevalier, pour la défense de Rébecca, fut exagéré au-delà de toutes les limites, non seulement de la prudence, mais encore du zèle chevaleresque le plus frénétique ; et sa déférence pour tout ce qu’elle disait, quoiqu’elle lui adressât souvent des paroles pleines de reproche, fut représentée comme ayant été poussée à un excès qui, dans un homme altier et impérieux, semblait presque surnaturel.

Le précepteur de Templestowe fut ensuite sommé de déposer de quelle manière Bois-Guilbert et la juive étaient arrivés à la préceptorerie ; la déposition de Malvoisin fut faite avec beaucoup d’adresse ; mais, tout en s’étudiant à ménager les sentiments de Bois-Guilbert, il laissait échapper de temps en temps des insinuations qui paraissaient faire supposer qu’il avait agi sous l’empire d’une aliénation mentale passagère, tant il semblait amoureux de la jeune fille dont il était accompagné. Avec des soupirs de contrition, le précepteur avoua le repentir dont il était pénétré pour avoir ouvert les portes de la préceptorerie à Rébecca et à son amant.

— Mais, ajouta-t-il en terminant, ma confession a été faite à notre très révérend père le grand maître ; il sait que mes intentions étaient pures, bien que ma conduite puisse avoir été irrégulière. Je me soumettrai donc avec joie à toute pénitence qu’il jugera à propos de m’imposer.

— Tu as bien parlé, frère Albert, dit Beaumanoir ; tes intentions étaient pures, puisque tu as cru par là pouvoir