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IVANHOÉ.

Puis il éleva la voix, et, s’adressant à l’assemblée.

— Révérends et vaillants hommes, chevaliers, précepteurs et compagnons du saint ordre, mes frères et mes enfants ; vous aussi, nobles et pieux écuyers qui aspirez à porter cette sainte croix ; et vous aussi frères chrétiens de tous les États, sachez que ce n’est pas le manque de pouvoir en notre personne qui nous a déterminé à réunir la congrégation ; car, quelle que soit notre infériorité personnelle, nous avons reçu, avec ce bâton, le plein pouvoir de juger et de prononcer dans tout ce qui concerne le bien-être de ce saint ordre. Le bienheureux saint Bernard, dans la règle de notre ordre chevaleresque et religieux, a dit, dans le LIXe chapitre[1], que les frères ne seraient réunis en conseil que par la volonté et l’ordre exprès du grand maître, nous laissant la liberté, ainsi qu’aux dignes pères qui nous ont précédés dans cet office, d’apprécier la nécessité aussi bien que le temps et le lieu d’une convocation, soit partielle, soit générale, de l’ordre réuni en chapitre. Ainsi, dans tous les chapitres de cette sorte, il est de notre devoir d’écouter les avis de nos frères et de nous prononcer selon notre bon plaisir ; mais, quand le loup affamé attaque le troupeau et emporte une des brebis, c’est le devoir du bon pasteur de réunir ses compagnons, afin que, avec leurs arcs et leurs frondes, ils puissent attaquer l’envahisseur, selon notre règle bien connue qu’il faut toujours assommer le lion. Nous avons donc sommé de comparaître devant nous une femme juive, du nom de Rébecca, fille d’Isaac d’York, femme infâme pour ses sortiléges et ses sorcelleries, au moyen desquels elle a égaré les sens et perverti la raison, non d’un simple manant, mais d’un chevalier ; non d’un simple chevalier, mais d’un chevalier consacré à la défense du saint Temple ; non d’un chevalier

  1. Il faut encore renvoyer le lecteur aux règles de la pauvre confrérie militaire du Temple, qui se trouve dans les œuvres de saint Bernard. W. S.