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IVANHOÉ.

es un de ces hommes désordonnés qui, se revêtant du caractère sacré sans autorisation, profanent les rites du culte et mettent en péril les âmes de ceux qui se fient à leurs conseils, lapides pro pane condonantes eis, leur donnant des pierres au lieu de pain, comme dit la Vulgate.

— Non, dit le frère, si ma cervelle s’était rompue au latin, elle n’eût pas tenu bon si longtemps. Je maintiens que c’est un acte légitime que de soulager un tas de prêtres arrogants comme toi de leurs bijoux, de leurs vains oripeaux.

— Tu es un hedge-priest[1], dit le prieur en colère, Excommunicabo vos, je vous frapperai d’excommunication.

— Tu ressembles bien plus que moi à un voleur et à un hérétique, dit le moine également irrité ; je ne veux pas

  1. Il est curieux d’observer que, dans tous les états de la société, une sorte de consolation spirituelle reste aux membres de la communauté, quoique ceux qui la composent se trouvent réunis pour des objets tout à fait opposés à la religion. Une bande de mendiants a son patrice, et les bandits des Apennins ont parmi eux des hommes qui remplissent les fonctions de moines et de prêtres, qui les confessent et leur disent la messe. Il va sans dire que ces révérends personnages sont obligés, dans une pareille société, d’assortir leurs manières et leurs mœurs à l’esprit de la communauté dans laquelle ils vivent, et que, si, de temps en temps, ils obtiennent une sorte de respect pour les dons spirituels qu’on leur attribue, ils sont généralement chargés de ridicule, parce que leur caractère est en désaccord avec tout ce qui les entoure.

    De là sont venus le prêtre belliqueux dans la vieille comédie de sir John Oldcastle, et le célèbre frère de la bande de Robin Hood. De tels caractères n’étaient pas tous imaginaires. Il existe un monitoire de l’évêque de Durham contre des clercs irréguliers de cette catégorie qui avaient l’habitude de s’associer avec les brigands des frontières, et qui profanaient les plus saints offices des fonctions ecclésiastiques en les célébrant pour le bien des voleurs, des brigands et des assassins, au milieu des ruines et dans les cavernes, sans égard pour les formes canoniques, avec des ornements déchirés et salis, et en tronquant les rites d’une façon tout à fait inconvenante.