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IVANHOÉ.

— Si tes saints scrupules peuvent condescendre à l’emploi des tablettes du juif, je me charge de trouver la plume, dit le yeoman.

Et, bandant son arc, il envoya une flèche à une oie sauvage qui planait au-dessus de leur tête, avant-garde d’une phalange de ses compagnes qui se dirigeaient vers les marais lointains et solitaires de Holderness ; l’oiseau s’abattit en tournoyant, transpercé par la flèche.

— Là ! révérend prieur, s’écria le capitaine, voilà assez de plumes pour en fournir à tous les moines de Jorvaulx pendant cent ans, à moins qu’ils ne se mettent à écrire des chroniques.

Le prieur s’assit et rédigea à son aise une épître à Brian de Bois-Guilbert, et, ayant soigneusement scellé les tablettes, il les donna au juif en lui disant :

— Ceci sera ton sauf-conduit près de la commanderie de Templestowe, et je pense que cette lettre contribuera à te faire rendre ta fille ; de ton côté, demande-la avec des manières convenables ; car, sache-le bien, le bon chevalier de Bois-Guilbert appartient à un ordre qui ne fait rien pour rien.

— Maintenant, prieur, s’écria le capitaine, je ne te retiendrai ici que le temps de donner au juif une quittance pour les cinq cents couronnes auxquelles sa rançon est taxée. Je l’accepte pour banquier ; mais, si j’apprends qu’on ait fait la moindre difficulté de lui tenir compte de cette somme payée par lui, que la sainte Vierge m’abandonne si je ne brûle pas le monastère, dussé-je être pendu dix ans plus tôt !

Avec bien moins de bonne grâce qu’il n’avait rédigé la lettre à Bois-Guilbert, le prieur écrivit une quittance déchargeant Isaac d’York de cinq cents couronnes à lui avancées pour l’acquit de sa rançon, et il promit sur sa foi de lui tenir fidèlement compte de cette somme.

— Et maintenant, dit le prieur Aymer, je vous demanderai de me faire la restitution de mes mules et de mes