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IVANHOÉ.

— Libre et pure comme elle m’a été enlevée, dit le juif ; sans cela, point de marché.

— Chut, Isaac ! reprit l’outlaw, ou j’abandonne ta cause. Que dis-tu de cette proposition, prieur Aymer ?

— La chose est assez embarrassante, fit observer le prieur ; car, si, d’une part, je fais une bonne action, d’un autre côté, c’est à l’avantage d’un juif, et ceci est contre ma conscience ; cependant, si l’israélite veut servir l’Église en me donnant quelque chose de plus pour la construction de notre dortoir, je prendrai sur ma conscience de le servir au sujet de sa fille.

— Ce n’est pas une vingtaine de marcs pour construire le dortoir… dit le capitaine – tais-toi, Isaac… – ou des chandeliers d’argent pour l’autel, qui nous empêcheront de conclure l’affaire.

— Mais, mon bon Richard Bande-l’Arc… s’écria Isaac, cherchant à intervenir.

— Mon bon juif, mon bon animal, mon bon ver de terre ! s’écria le yeoman en perdant patience, si tu continues de cette sorte à mettre des objections sordides dans la balance avec la vie et l’honneur de ta fille, de par le Ciel ! je te jure qu’avant trois jours, je t’aurai dépouillé de ton dernier penny.

Isaac baissa la tête et garda le silence.

— Mais quelle garantie aurai-je pour tout ce que vous me promettez ? demanda le prieur.

— Quand Isaac reviendra après avoir réussi par votre médiation, dit l’outlaw, je jure, par saint Hubert ! que s’il ne vous payait pas la somme en bon argent, il aurait un tel compte à me rendre, que mieux vaudrait pour lui qu’il l’eût payée vingt fois.

— Eh bien ! donc, juif, dit Aymer, puisqu’il faut absolument que je me mêle de cette affaire, prête-moi tes tablettes. Mais attends… plutôt que de me servir de ta plume, j’aimerais mieux jeûner pendant vingt-quatre heures ; mais où en trouver une autre ?