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IVANHOÉ.

dabo mulieres eorum exteris ; je donnerai leurs femmes aux étrangers (c’est, dans le cas actuel, aux templiers), et thesauros eorum hœ redibus alienis ; et leurs trésors passeront en d’autres mains (comme, dans le cas présent, à ces honnêtes forestiers).

Isaac poussa un profond soupir, se tordit les mains, et retomba dans son état de désolation et de désespoir. Mais le chef des yeomen le prit à part :

— Réfléchis bien, Isaac, lui dit-il, à la façon dont tu vas agir en cette circonstance. Je te conseille de te faire un ami de ce prêtre ; il est aussi vain qu’il est cupide, et il lui faut beaucoup d’argent pour subvenir à ses profusions. Tu peux facilement satisfaire son avarice, car ne pense pas que je sois la dupe de ta prétendue pauvreté ; je connais même, Isaac, jusqu’au coffre-fort en fer où tu entasses tes sacs d’argent ; bien plus, ne connais-je pas la grande pierre qui est sous le pommier, dans ton jardin, à York, et qui couvre un petit escalier par où l’on descend dans un caveau voûté ?

Le juif devint pâle comme un mort.

— Mais ne crains rien de moi, continua le yeoman ; car nous sommes de vieilles connaissances. Ne te rappelles-tu pas le yeoman malade que ta jolie fille Rébecca racheta des fers à York, et qu’elle recueillit dans ta maison jusqu’à ce que sa santé fût rétablie, et à qui tu donnas, en le congédiant, une pièce d’argent ? Tout usurier que tu es, tu n’as jamais placé tes écus à meilleur intérêt que ne l’a été ce pauvre marc d’argent ; car il t’a valu aujourd’hui cinq cents couronnes.

— Tu es donc celui qu’on appelle Richard Bande-l’Arc, dit Isaac ; il me semblait bien que le son de ta voix ne m’était pas inconnu.

— Oui, je suis Bande-l’Arc, dit le capitaine, je suis Locksley, et j’ai encore un autre nom.

— Mais tu es dans l’erreur, dit Isaac, mon brave Bande-l’Arc, relativement à ce caveau voûté ; je prends le Ciel à