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IVANHOÉ.

» — Juif damné ! que la malédiction de l’Égypte soit sur ta tribu !

» Toutes les invectives qui peuvent ameuter la sauvage et grossière populace contre les pauvres étrangers.

— Prieur, dit le capitaine, tout juif qu’il est, il a dit vrai cette fois. C’est donc à toi de fixer sa rançon, ainsi qu’il a fixé la tienne, sans d’autres mauvais propos.

— Personne, si ce n’est un latro famosus[1], paroles dont je vous donnerai une autre fois l’interprétation, ajouta le prieur, personne n’eût placé un prélat chrétien sur le même banc qu’un juif non baptisé ; mais, puisque vous exigez que je taxe la rançon de ce pendard, je vous dirai franchement que vous vous feriez du tort à vous-mêmes si vous receviez de lui un penny de moins que mille couronnes.

— C’est mon jugement ! mon jugement ! s’écria le chef des outlaws.

— C’est un jugement ! un bon jugement ! répétèrent les archers ; le chrétien a fait preuve d’un grand savoir-vivre, il s’est conduit avec non moins de générosité que le juif.

— Dieu de mes pères, venez à mon aide ! s’écria le juif. Voulez-vous écraser une créature ruinée ? Je suis aujourd’hui sans enfant : m’enlèverez-vous tout moyen d’existence ?

— Tu auras moins de charge si tu es sans enfant, dit Aymer.

— Hélas ! monseigneur, répliqua Isaac, votre loi ne vous permet pas de savoir combien l’enfant de notre sang est enlacé dans les fibres de notre cœur. Ô Rébecca, fille de ma bien-aimée Rachel ! si chaque feuille de cet arbre était un sequin, que chacun de ces sequins m’appartînt, je donnerais de bon cœur toute cette masse de richesses pour savoir si tu vis et si tu as échappé aux mains du Nazaréen.

— Est-ce que ta fille n’avait pas les cheveux noirs ? de-

  1. Fameux voleur.