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IVANHOÉ.

Ne crie pas, sombre cavalier du sombre nuage,
Ton festin se prépare.
Les vierges de Walhala regardent ce qui se passe ;
La race d’Hengist va leur envoyer des hôtes.
Secouez vos tresses noires, vierges de Walhala !
Et frappez en signe de joie vos tambours retentissants ;
Bien des pas orgueilleux iront frapper à vos demeures,
Bien des têtes couronnées d’un casque !

III

Le soir s’assied triste sur le château du thane,
Les noirs nuages s’amoncellent alentour ;
Bientôt ils seront aussi rouges que le sang d’un preux.
Le destructeur des forêts dressera vers eux sa rouge crête,
Celui qui en brillant consume les palais
Et qui développe sa bannière embrasée,
Rouge, vaste et sombre,
Au-dessus de la lutte des vaillants :
Sa joie est dans le cliquetis des épées et des boucliers rompus ;
Il aime à lécher le sang fumant qui s’échappe des blessures.

IV

Tous doivent périr !
L’épée fend les casques,
La robuste armure est transpercée par la lance,
Le feu dévore le palais des princes,
Les machines renversent les défenseurs du camp.
Tout doit périr !
La race d’Hengist a disparu,
Le nom d’Horsa a disparu.
Ne reculez donc pas devant votre destin, fils de l’épée ;
Que vos épées boivent le sang comme si c’était du vin ;
Repaissez-vous dans ce festin de carnage,
À la lueur de vos palais embrasés !
Que vos épées ne faiblissent pas tant que votre sang coulera ;
N’épargnez personne par crainte ou par pitié,
Car la vengeance n’a qu’une heure.
La haine la plus invétérée doit s’éteindre,
Et moi aussi, je dois disparaître.

Déjà les flammes gigantesques avaient surmonté tous les