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IVANHOÉ.

mes os sans savoir pour qui ; et vous qui êtes sans armure encore ! Réfléchissez donc ! un bonnet de soie ne saurait arrêter une lame d’acier. Si l’entêté veut aller à l’eau, il faut bien qu’il se mouille. Deus vobiscum ! très vaillant Athelsthane, ajouta-t-il en dernier lieu, lâchant la tunique du Saxon, qu’il avait tenue jusque-là.

Saisir une masse d’armes que venait de laisser tomber la main d’un mourant, s’élancer sur la troupe du templier, et, frappant avec une grande rapidité à droite et à gauche, renversant à chaque coup un guerrier, ce fut, pour la force herculéenne d’Athelsthane, animé alors d’une fureur peu commune, l’ouvrage d’un seul instant. Il se trouva bientôt à deux pas de Bois-Guilbert, qu’il défia de sa voix la plus forte.

— Détourne-toi, mécréant de templier ! laisse en liberté celle que tu es indigne de toucher ; détourne-toi, membre d’une bande de brigands, d’assassins et d’hypocrites !

— Chien ! s’écria le templier en grinçant des dents, je t’apprendrai à blasphémer le saint ordre du Temple de Sion.

En disant ces mots, il fit faire demi-volte à son cheval, et se dressa sur les étriers de manière à profiter de tout l’avantage de sa position, et il assena un coup terrible sur la tête d’Athelsthane.

Wamba avait eu raison de dire qu’un bonnet de soie ne garantissait pas d’une lame d’acier. L’arme du templier était si bien affilée, qu’elle trancha comme si c’eût été une branche de saule le manche fort et ferré de la masse d’armes que l’infortuné Saxon avait levée pour parer le coup, et, descendant sur sa tête, étendit le géant aux pieds de son ennemi.

— Beauséant ! Beauséant ! s’écria Bois-Guilbert d’une voix de tonnerre ; périssent ainsi tous les détracteurs des chevaliers du Temple !

Profitant de la terreur que la chute d’Athelsthane avait répandue parmi les Saxons, il cria à haute voix :