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IVANHOÉ.

était brisée et couverte de sang, et les plumes qui surmontaient son casque étaient en partie arrachées ou à demi brûlées.

— Je t’ai donc trouvée, dit-il à Rébecca ; tu vas voir que je tiendrai ma promesse de partager avec toi ma bonne ou ma mauvaise fortune. Il ne reste plus qu’une voie de salut, je me suis frayé un chemin à travers mille dangers pour te l’indiquer ; lève-toi et suis-moi à l’instant[1].

— Seule, répondit Rébecca, je ne veux pas te suivre. Si tu es né d’une femme, s’il y a en toi seulement un peu de charité humaine, si ton cœur n’est pas aussi dur que ta cuirasse, sauve mon vieux père, sauve ce chevalier blessé !

— Un chevalier, répondit le templier avec son calme caractéristique, un chevalier, Rébecca, doit savoir supporter la mort, qu’elle se présente à lui sous la forme de l’épée ou sous celle de la flamme ; et qui se soucie du sort d’un juif ?

— Sauvage guerrier, reprit Rébecca, je périrai plutôt dans les flammes que d’accepter la vie de tes mains.

— Tu n’auras pas à choisir, Rébecca ; une fois, tu l’as emporté sur moi, mais jamais aucun mortel ne m’a bravé deux fois.

En disant ces mots, il saisit dans ses bras la jeune fille terrifiée, qui remplissait l’air de ses cris, et l’emporta hors de la chambre malgré ses lamentations, et sans avoir égard aux menaces et au défi qu’Ivanhoé fulminait contre lui.

— Chien du Temple ! opprobre de ton ordre ! laisse cette jeune fille ! Traître de Bois-Guilbert, c’est Ivanhoé qui te l’ordonne. Scélérat ! je répandrai tout le sang de ton cœur !

— Sans tes cris, Wilfrid, je ne t’aurais jamais trouvé,

  1. L’auteur a quelque soupçon que ce passage est imité de l’apparition de Philidaspès devant la divine Mandane, quand la cité de Babylone est en feu et qu’il lui propose de l’enlever à travers les flammes. Mais ce larcin, si c’en est un, serait un peu trop sévèrement puni par la pénitence d’avoir à rechercher le passage original dans les interminables volumes du Grand Cyrus.