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veillant qui, pour l’amour de Dieu et par dévouement à l’Église notre mère, donnerait pour une nuit à deux de ses plus humbles fils, ainsi qu’à leur suite, l’hospitalité et la nourriture.

Il dit ces paroles avec un ton d’importance consciencieuse qui formait un grand contraste avec les larmes qu’il jugeait à propos d’employer.

— Deux des plus humbles fils de notre mère l’Église ! répéta Wamba intérieurement, mais, tout fou qu’il était, ayant soin que sa remarque ne fût pas entendue ; je voudrais voir ses sénéchaux, ses grands échansons et ses autres principaux.

Après ce commentaire muet sur le discours du prieur, il releva les yeux pour répondre à la question qui lui était faite.

— Si nos révérends pères, dit-il, aiment la bonne chère et le doux logis, une course de quelques milles les conduira au prieuré de Brinxworth, où leur qualité leur assurera un accueil honorable ; ou, s’ils préfèrent passer une nuit de pénitence, ils n’ont qu’à reprendre là-bas à travers cette clairière sauvage, elle les mènera à l’ermitage de Copmanhurst ; là, un pieux anachorète partagera pour une nuit avec eux l’abri de son toit et le bienfait de ses prières.

Le prieur secoua la tête aux deux propositions.

— Mon brave ami, dit-il, si le cliquetis de tes grelots n’avait tant soit peu étourdi ton intelligence, tu saurais de reste que clericus clericum non decimat, c’est-à-dire que, nous autres prélats, nous n’abusons pas de l’hospitalité les uns des autres et que nous exigeons plutôt celle des laïques, offrant ainsi l’occasion de servir Dieu en honorant et soulageant ses serviteurs élus.

— Il est vrai, répliqua Wamba, que, moi qui ne suis qu’un âne, j’ai néanmoins l’honneur de porter des grelots aussi bien que la mule de Votre Révérence ; mais j’avais toutefois imaginé que la charité de notre mère l’Église et